vendredi 4 mai 2007

Le chef et ses marmitons

Récemment, mon ami Carl et moi avons décidés d'instaurer une tradition, c'est-à-dire que nous nous réunissions chez lui en ayant une recette en tête et nous consacrons nos énergies à réussir ladite recette. Encore plus récemment, nous avons décidés, après avoir fait un essai avec de la poutine au chili con carne, que cette tradition se fêterait entre amis et que chacun d'entre nous contribuerait au souper. Ce soir, nous étions sept pour apprêter une fiesta de tortillas avec salsa et guacamole maison.

Certains d'entre nous n'ont jamais mis les pieds dans une cuisine que pour y manger, d'autres font preuve de patience d'ange pour les corvées qui consistent à découper et mélanger des aliments tandis que Carl s'affère, sous ma gouverne, à courir un marathon pour que tout soit prêt dans les délais impartis. L'épopée rocambolesque se termine immanquablement par la présentation du souper et le décompte de la quantité de nourriture engloutie, qui atteint ma foi, des proportions hors normes. Par la suite, nous savourons une bonne bière bien méritée (ou encore ce cher Alex nous fera découvrir une nouvelle bouteille de cidre) tout en jasant et en jouant le plus souvent à un jeu de société après avoir débarrassée la table.

Il me semble que dans ces circonstances, il est plus facile de se sentir membre de quelque chose, d'avoir un sentiment d'appartenance ainsi que d'accomplissement, selon nos besoins personnels.
Il m'apparaît cependant que c'est quelque chose qui manque à la culture de bien des gens (dont mes amis à priori) et qui pourtant est source de tant de liberté, de créativité et d'imagination. Cela éveille l'odorat, exerce le sens du toucher, augmente la dextérité, permet d'être polyvalent, favorise la communication et développe des agencements gagnants et de réflexes pratiques. Pour ma part, ce n'est certes pas l'occasion d'essayer des recettes qui demandent un grand niveau de maîtrise culinaire (notre devise étant: un repas se préparant rapidement, pas trop ésotérique et relativement abordable), mais bien d'exercer le leadership nécessaire à l'organisation des tâches.

Bref, il s'agit là d'une option gagnante à chaque fois qui favorise la cohésion de notre groupuscule d'intellectuels un peu dispersés en ramenant le tout vers un projet commun. Ce qui est formidable avec ce groupe, c'est à la fois la grande décadence alimentaire, mais aussi le fait que les tabous sociaux n'existent pas et qu'il est par conséquent bienséant de parler de scatologie à table, comme de bien d'autres choses d'ailleurs. Alors invitez vos amis à votre table et mangez joyeusement ensemble!

2 commentaires:

Carl inc. a dit...

Tu vois, je crois que ce n'est pas encore coulé dans le bronze (ou peut-être dans le bol), le statut de tradition de ces soirées mémorables, mais toutefois, les dispositions y étant favorables, je souhaite ardemment que ça en devienne une!

Mais une chose. T'as beau être le contremaître, je dois dire que tu n'as pas le seul maître à bord; en fait, tu prends la gouverne de la recette, mais au niveau de la discussion, vu ton manque de conversation, tu restes un peu plus dans l'ombre; avec chacun ses forces et faiblesses, ça fait un tout incohérent mais fonctionnel.

Et c'est ce qui en est magnifique, selon moi; au lieu qu'il y ait un patron, il y a des gens compétents ou donnés à certaines tâches, tandis que d'autres s'effacent dans des rôles de soutien à certains niveaux; par exemple, j'ai la charge de mettre la table, etc.

Le Cardinal a dit...

Ton commentaire apporte des clarifications importantes, merci de l'avoir formulé.