mercredi 30 mai 2007

L'image derrière le miroir

Je marche à l'instant et mon ombre m'embarrasse de sa présence insensé. Loin des lieux de pérégrinations, je me meus dans un couloir qui semble sans fin. Les lampadaires suspendus par des épées de Damoclès qui semblent s'agiter sous une brise qui semble venir d'une fenêtre mal fermée, laquelle donne sur un couchant de lune qui éclaire les broussailles d'une plaine débouchant sur une forêt. Mes pas résonne d'un écho sourd dans cette atmosphère nocturne ou je finis par rencontrer un miroir sur mon chemin.

Mes pieds s'arrêtent en face et mon regard consulte le reflet qui en est fait. On y voit jaillir quelques traits suivant des gouttières qui suintent des pieds. Le regard blafard longe le haut du corps pour voir des chandelles à la place des yeux et une médaille sur le front avec l'inscription: "Klüg von alles". Je suis un râtelier.

La clef sur la porte

Primo, la première raison qui motive le choix de clef au lieu de clé est de ne pas copier Marie Cardinal, la seconde est que je trouve que clef est plus esthétique. Je ne bernerai personne en parlant de ces détails insignifiants qui n’intéressent probablement que moi seul, mais il s’agit là du plaisir de se lire, n’est-ce pas? Enfin, passons outre ces phrases creuses : j’emprunte l’appartement de mon ami pour un mois.

Imaginez un instant avoir un appartement dans le centre-ville : vous êtes saoul comme une vieille bourrique particulièrement bourrée (euh, l’exemple serait probablement mieux servi avec le « je ») et en plein centre-ville. Les métros sont fermés, les autobus de nuit de votre ville de banlieue ne sont plus en service et les bars font leur last-call. Cela indique normalement que la rumba est terminée et que chacun des convives doit retourner chez lui dans l’état misérable où il se trouve… erreur! Qu’ils travaillent n’importe où le lendemain et même à n’importe quelle heure, ce n’est pas une raison pour refuser l’invitation à venir crécher chez vous et ainsi poursuivre la fête jusqu’à ce qu’un coma éthylique s’en suive ou que vous vous adonniez à quelques loisirs hédonistes en compagnie de la gente féminine.

Peut-être alors vous réveillerez-vous avec l’intense sensation que vous avez subit une estocade d’un flamberge en pleine poire, que plusieurs disciples de Bacchus jonchent les planchers de votre appartement et que l’endroit contient assez d’alcool pour déclarer une taverne ouverte, mais quelle n’est pas la satisfaction de se savoir entourés de fêtards déchéants?

Quelle joie n’est-ce pas? Il me semble que c’est mieux que d’écouter laconiquement Nevermind de Nirvana est d’être emporté par le cynisme de « In Bloom » :

He's the one
Who likes all the pretty songs
And he likes to sing along
And he likes to shoot his gun
But he knows not what it means
And I say aahh

Personnellement j’y vois plus une excellente occasion de favoriser les réflexions d’esprit pour rendre la vie d’autrui outrancièrement invivable. Ce genre de réflexion pourrait vous portez à croire que je trouve une certaine satisfaction à répendre des chimères et à engager conflit à certains compatriotes et à cela je répondrai que je n’ai ni temps ni énergie à dilapider pour des entreprises aussi exigeantes.

Dernièrement, j’emploi mes facultés à lire, à travailler et à écouter quelques émissions de télévision, ce qui n’est pas dans mes habitudes. J’oubliais également faire de grands tours de vélo : avec la saison, c’est franchement l’idéal. Passer de banquets en festins m’est également loisible ces temps-ci, cependant, je dois admettre que je cherche à quérir la solitude plus souvent qu’à l’ordinaire : je ne saurais dire pourquoi. Il s’agit probablement de la dualité de l’homme…

Par ailleurs, cela m’amène à ce que j’énonçais ce matin : la dualité de l’intervenant que je suis. Je rentre en relation d’aide dans le cadre de mon travail parce que j’aime les êtres humains et que je suis sensible à leurs besoins, cependant, je dois rester professionnel et ne pas avoir d’émotions liées sans pour autant être froid, car sinon je n’arrive plus à capter les problèmes de la personne. Donc, il s’agit de savoir exactement ce que l’autre personne est, comment elle agit, comment elle pense sans toutefois pouvoir faire autre chose que l’orienter sur des pistes de réflexions. N’est-ce pas là quelque chose d’absolument formidable?

Bon, avant que mon mal de tête devienne à pierre fendre, j’irai disposer de mes couvertures (celles de mon lit comme celle du roman dans lequel je m’évade actuellement) tout en prenant congé de vous et en vous incitant fortement à lire « L’insoutenable légèreté de l’être » de Milan Kundera.

mardi 22 mai 2007

23 ans, prise 2

Ceux d'entre vous qui auront lu mon premier article aujourd'hui s'étonneront probablement de voir le second le suivre de quelques heures seulement, mon écriture étant pour le moins peu prolifique dans des plages horaires aussi brèves. Je dois absolument vous faire part de l'excellent repas qui m'a été généreusement offert par mes parents: une idée époustouflante venue de ma mère. En fait, j'ai soupé au Pen Castel, petit restaurant sympathique de cuisine française gastronomique, dans un souper thématique de dégustation de vins blancs du Château de la Ragotière.

À mon arrivée, j'ai rapidement jeté un oeil sur le menu pour y voir que le menu comportait quatre services. À la table jouxtant la mienne, on retrouvait un des frères Couillaud, propriétaire du domaine mentionné ci-haut. Ce dernier nous expliquerait tous les vins que nous aurions la chance de déguster. Gérard, notre maître-queue, nous souhaite le bonsoir.

Je pourrais évidemment vous entretenir avec véhémence de tous les aspects formidables du dit repas, mais j'ai peur que la description étouffe mon texte, alors je me concentrerai sur ce qui est essentiel à savoir pour le gastronome et l'oenologue en vous.

Le premier service était constitué de pétoncles et de pleurotes fumées avec des morceaux de lardons. Les pétoncles avaient été rapidement saisis, ce qui leur conféraient une saveur hors du commun. Les pleurotes, quant à elles, étaient servies dans une sauce brune avec du vinaigre balsamique et de la soya soya préalablement sucrée. Les corps délicats de la pleurotes s'harmonisaient parfaitement avec cette sauce relevée. Le premier vin était un Chardonney du Jardin des Pays de la France de 2004. Clair comme l'or pâle, ce vin à la tendance fruité dégage un arôme de beurre, comme tous les Chardonney d'ailleurs. Le vin est moyen en bouge, 5 ou 6 caudalies, avec des relents minéraux en rétro-olfaction, très frais, léger et très souple en bouche.

Le second service fut la quenelle de brochet avec la sauce au homard. Le brochet était donc servi en rouleau, nappé d'une sauce onctueuse garnie d'un bouquet d'épinard. L'arôme subtil du brochet était relevé par la sauce au homard pleine de coffre. Quant aux épinards, leur goût râpeux s'harmonisait avec le Muscadet Sèvre et Maine sur lie 2004. La teinte de ce vin semblait moins foncée que le Chardonney, moins opaque. Dans l'aspect olfactif, des teintes d'herbes et un arôme fruité de pomme et d'ananas. Le vin est très sec, mais il devient plus léger avec le poisson et il est particulièrement court en bouge, avec 4-5 caudalies.

Le troisième service, la pastilla de lapin au lard avec ses petits oignons blancs et la terrine des abats, formait le plat de résistance. Le tout arrosé bien sûr d'un bon Chardet 2005, mélange de 50% de Chardonney et de 50% de Muscadet (bon, les puristes des appellations contrôlées me diront qu'on ne peut pas parler de Muscadet si le vin est composé, alors je vous fourni le terme exact: le melon de Bourgogne). Visuellement, le vin est or pâle, sensiblement plus que le premier, un mixte des deux premiers. Un bouquet d'ananas plus prononcé, avec des herbes et du beurre forme l'aspect olfactif. Le lapin est servi dans un genre de feuilleté qui rappelle un peu la tourtière par l'arôme qui s'en dégage. La pastilla est servie avec une sauce chasseur. Le vin fait un grand contraste avec le lapin: les sucres du vin sont plus sentis, mais l'effet avec la terrine est moins réussi. Le vin est complexe, il a plusieurs phases: pomme, poire, ananas. Je dirais qu'il durait entre 5 et 6 caudalies.

Enfin, en quatrième service, nos papilles pouvaient se délecter d'un cake au chocolat avec sa glace aux vendanges tardives. Il est donc inutile de passé sous silence le vin licoreux qui accompagnait le dessert: l'Ambre Chardonnay (90%) et Muscadet (10%) vendanges tardives 2003: un millésime. La production totale de 2003 est de 85 litres... les clients de ce soir pourront donc prétendre avoir pu goûter à un vin unique, puisque non-commercialisé, parce qu'il est trop dispendieux à produire (en partie parce que tous les raisons doivent être cueillis à la main). D'une teinte or ambrée tirant un peu vers le bronze, l'aspect olfactif recelait des essences de caramel, de fruits, de miel et un fort relent d'alcool. Long en bouche (8-9 caudalies), très sucré, chaud et mielleux, il se buvait tout seul, mais avec le gâteau au chocolat et la crème glacée, le délice du palet s'avérait complet. C'était vraiment un petit bijou que ce vin botrytisé.

J'ai pu apprécier un excellent souper, une très belle surprise, avec mes chers parents à l'occasion de mon 23e printemps... d'autant plus que je suis né entre un lundi et un mardi... comme ma fête cette année. Il est comme cela des surprises auxquelles on ne s'attend pas... mais celle-ci est définitivement l'une des meilleures à vie dont j'ai eu l'occasion de profiter. Je pense que si je ne mangeais pas, j'en mourrais!

23 ans

Ça y est, l'an 23 de mon aire est enfin arrivée. Ce matin, je me lève avec un drôle d'air sur la figure pour célébrer cette journée qui m'est toute spéciale. Je me rappelle qu'il y a cinq ans (déjà), mon amie Audrey m'avait fait chanter bonne fête par les spectateurs d'un théâtre... il y en a quatre, c'était mes moniteurs d'anglais et d'autres étudiants en immersion qui étaient venus dans ma chambre me souhaiter bonne fête (j'avais, à cette occasion, eu besoin de cacher mon pot et mon papier à rouler en catastrophe sous une pile de linge)... il y en a trois, mon professeur de français, l'illustre M. Beauvais, m'avait offert un recueil de poèmes et de chansons de Georges Brassens et m'avait expliqué que sa femme avait 20 ans lorsqu'elle sorti avec lui... il y en a deux, c'était le record de cinq marmites de bière en une soirée au Dragon Rouge et finalement, l'année passée, j'ai déclaré à une fille que je la trouvais de mon goût... pour finir ma soirée seul... tranche de vie il faut croire!

Cette année ne s'annonce pas particulièrement spéciale, j'espère qu'elle me réservera son lot de surprises agréables... c'est important de le préciser!

Là-dessus, je profite de cette entrée pour présenter mes excuses à ceux qui se seraient sentis offensés par la nature passablement vindicative des mes premières entrées... en me relisant je me sentais passablement plus extrémiste que nécessaire. Je peux aujourd'hui mettre ça sous le compte de l'immaturité des 22 ans, puisque je suis rendu plus vieux et donc plus sage... ou presque.

dimanche 20 mai 2007

Solitude nécessaire

Il existe, dans la vie, des moments qui doivent être consacrés à soi et à soi seul. Hier, après une rude journée de travail, je profitais de mon retour à la maison pour m'évacher paresseusement sur mon lit et ne plus bouger pendant plusieurs minutes... la sensation était très agréable. Hors, comme à l'habitude, mon esprit était tourmenté par des dilemmes existentiels: Aller ou ne pas aller à cette fête? La lourdeur de mes mouvements me suggérait de prendre un instant de répit.

J'ai donc fait quelque chose d'essentiel, j'ai éteint mon ordinateur, ce qui, en général, me permet de réfléchir. J'étais donc seul à m'écouter penser. J'avais cruellement besoin d'être seul et de ne pas bouger, alors j'ai consacré plusieurs minutes à ne rien faire du tout et à ne pas ruminer quelques pensées que ce soit. Je ne sais pas comment ça s'est produit, mais c'était tout simplement merveilleux, ma tête était vide de toute pensée. Puis, j'ai décidé de faire quelque chose d'absolument exceptionnel: louer un film.

Pour ceux qui trouvent cette activité particulièrement banale (et elle l'est dans la plupart des cas), sachez que je ne loue jamais de film que j'écoute seul, à part une fois par année. Je redemande donc à mon paternel quel est le mot de passe et puis je pars à la quête du film idéal. Dans mon club vidéo, où l'on retrouve les films québécois dans la section internationale, je cherchais un film qui puisse me rassasier et me prouver que le septième art ne soit pas qu'un prétexte à maïs soufflé. Hors, semble-t-il que ledit club vidéo ne considère pas qu'un film étranger ne puisse pas provenir de France ou d'Angleterre. Cherchant désespérément quelque chose qui puisse sustenter mes goûts, j'ai opté pour un bon vieux classique: James Bond (Goldfinger pour ceux que ça intéresse).

L'agent secret 007 a donc égayé ma soirée, que j'ai passée en compagnie de mon plus jeune frère, n'ayant pour m'assister ni Bond Girls, ni Martini. Les péripéties de 007 m'ont donc permis d'aller me coucher bien satisfait de ma soirée, même s'il s'agissait probablement du seul samedi soir où je ne travaillais pas le lendemain... enfin!

Bonne fin de chose à tous!

dimanche 13 mai 2007

Poindre le crépuscule

Sous deux hêtres s'attache un hamac d'espoir,
Nourrit de fraîcheur, bercé par une douce brise.
J'inhale quelques bouffées d'espoir en contemplant le paysage,
Mes poumons débordent d'allégresse au soleil.

Dans cette farandole des sens où je danse en mesure,
Quelques doutes sur son avenir alléchant:
Une peur sentie de ne pas comprendre certains gazouillements.
Une âme périclite dans l'océan nouveau.

C'est ainsi, mais surtout ici qu'un changement nouveau s'obtempère,
Où la faculté de s'émerveiller se perd en conjecture,
Où le cynisme déloge l'innocence comme la naïveté:
Un monde de sophisme pour un moi déchanté, déjanté et déchu.

Dépouillé, épris d'un quelque mal, je claudique et chancelle.
J'écorche au passage l'arbre qui me servait de visière
Et je vois jaillir sur mon visage blafard une lumière aveuglante
Qui émancipe la vision que j'ai sans ces réconfortantes oeillères.

À qui cacherais-je mon tourment, qui pourrira ainsi?
Est-ce que je serai misère et sèmerai l'ivraie?
Comment parviendrais-je à encenser de nouveau l'espoir?
La vie est-elle une fatalité en soi?

Je m'abreuverai de l'eau qui coure, je me défilerai devant le pathétisme
Et je choirai sur les berges promises sans Dieu ni maître.
J'y chercherai deux hêtres juxtaposés et j'y installerai mon hamac
Avec des cordes de tôle sous des horizons plus cléments.

mardi 8 mai 2007

S'attaquer aux plus gros

Lors de ma dernière entrée, un commentaire d'un lecteur assidu s'est avéré questionner la pertinence de s'attaquer à la Plaza St-Hubert plutôt que de parler de truc comme Wal-Mart, le lobbying des OGM ou les campagnes publicitaires ciblant les enfants... je voulais aujourd'hui parler de poésie, mais donc ces trivialités me ramènent les deux pieds coulés dans le béton. J'en parlerai donc ultérieurement.

Hors des faits évidents que Monsanto, Wal-Mart et compagnies vivent ensemble main dans la main, que Shell fait des annonces puériles et carrément ignobles sur la protection de l'environnement, que faire? Parler du fait qu'aucune de ces compagnies ne respectent les droits humains dans les pays moins bien nantis? Expliquez comment la plupart d'entre elles matent les syndicats? Avisez les consommateurs responsables que Wal-Mart, Home Depot et autres ruinent les PME d'ici? Qu'il s'investi plus d'argent dans l'image que dans les actions concrètes de ces entreprises "socialement responsables"?

Je cherche à savoir qu'est-ce qui n'est pas absolument clair là-dedans? Il me semble qu'un être humain qui lit les textes que j'écris doit, pour trouver la chose intéressante, avoir déjà un certain niveau de connaissance de base que je ne sous-estime pas. Je m'attaquais hier à ce qui devenait un nouvel irritant, quelque chose qui pourrait être une forme de laxatif bon marché. Ne croyant pas nécessaire de me faire enquiquiner jusque derrière la porte des toilettes, j'en profite au passage pour dénigrer ces publicités agressantes dans les urinoirs, les cabinets de toilettes et jusque dans les tours d'ivoire des institutions de savoir public.

L'éducation ne doit certes pas capitaliser sur les campagnes publicitaires pour permettre la relaxation des tensions dans le cerveau des étudiants, ces derniers peuvent d'ailleurs très bien s'occuper de détruire leurs neurones tout seul, notamment avec cette réclame publicitaire qui proclame que "si vous pouviez fumer nos mobiles, il y aurait un méchant party dans votre tête"... met-en, fumez des circuits électroniques fait d'autant de métaux lourds (dont notamment le plomb) doit certainement être au moins l'équivalent de quelques doses de crystal meth. J'aimerais bien voir un jack-ass réduire le mobile en poudre, le rouler dans un papier tel une cigarette et fumer ce mélange pour le moins hétéroclite... après on pourra écrire dans les manuels d'instruction de ne pas fumer les cellulaires... tout comme il est écrit dans le guide de l'usager d'un Winnabago qu'on ne peut pas aller piquer un roupillon à l'arrière lorsqu'on est au volant (aux États-Unis, on peut poursuivre les gens pour un tas de raisons).

Bon, je viens encore de faire sauter ma valve de haute pression et d'écrire n'importe quoi d'autre que ce qui m'importait vraiment au travers du dernier paragraphe. Donc, il est donc prémordial d'emmerder et d'informer, ce que les radios de Québec font à moitié (bref, elles emmerdent). Là-dessus, j'espère donc ne pas vous apprendre que Wal-Mart nuit à l'économie locale malgré leur campagne option Québec, que Monsanto vous utilise comme cobaye tous les jours et que Shell vous fourre littéralement dans le rectum ses principes de développement durable.

Je finis sur cette maxime que je viens de modifier à l'instant:
Donne un poisson à un homme, il se nourrira une journée, apprend-lui à pêcher et il mourra d'empoisonnement au mercure.

lundi 7 mai 2007

Être différent, c'est mercantilisable?

Ça fait quelques jours que ça m'irrite, que lorsque je prends le métro, je suis dégoûté par cette vision hideuse et même rhétoriquement improbable du slogan crasse que voici: X est différente, elle aime y et z. Vous aurez deviné que je vous parle de la campagne publicitaire de la plaza St-Hubert. En tant que tel, cet îlot de boutiques dépareillées ne me cause pas de préjudice autre que d'encourager la consommation de masse comme le fait finalement n'importe quel centre commercial.

Dans notre joyeuse société, on magasine compulsivement pour mieux s'échapper de nos réalités blasantes: donnons de l'amour à ces tonnes d'objets inutiles fabriqués par des enfants meurtris par le fouet dans les pays sous-développés. Pour ajouter à ces dires, pourquoi ne pas parler des coûts de transport qui ont un impact faramineux sur l'écosystème et du suremballage qui remplie vos poubelles. Vous faites du recyclage: bravo, vous êtes tellement responsable! Vous vous assurez que vos produits de beauté ne sont pas testés sur des animaux? C'est une bien louable attention, après tout, ce n'est pas parce que pour faire ces produits, il faut tuer des baleines (pour le rouge à lèvre) et que ces dits produits seront testés sur des malaisiens à la place de lapins que vous devriez avoir la conscience troublée.

Reste que ce n'était pas de cela que je voulais traiter. Je voulais m'attaquer à la campagne publicitaire du la plaza St-Hubert: "Anouk est différente, elle aime latex et littérature". Bon, en soit ce n'est pas mauvais, mais encore faudrait-il qu'il y ait une boutique qui combine ces deux choses pour être originale. Lorsqu'on se rend compte qu'Anouk ne fait finalement que consommer ces deux choses, en quoi est-elle différente des autres? Que je sache, un boutique dépend d'une clientèle variée pour pouvoir tirer son épingle du jeu, alors il y a des tas de personnes qui bouquinent et des tas d'autres qui achètent des trucs de latex. N'est-il pas évident qu'Anouk n'est qu'une personne parmi tant d'autres personnes insignifiantes comme consommatrice? La même chose s'applique pour ces emos, ces skatteurs, ces rappeurs et finalement toute personne conformiste en tout lieu à la société de consommation.

Un truc qui m'avait fait rire, c'était cette publicité de téléphone cellulaire marginal ou bohème... en quoi quelqu'un qui désire absolument se faire déranger à tout moment de sa vie (je vois déjà la plupart d'entre vous qui voudraient m'exécuter sur le champs et qui me répondraient: mais je n'ai qu'à l'éteindre... pathétique!) peut-il honnêtement prétendre avoir une forme ou une autre d'une personne en marge de la société ou encore pire, bohème, qui vole de ses propres ailes, en s'aliénant un contrat stupide qui lui fournit un tas de publicités exclusives et de forfaits inutiles? La liberté n'est-elle pas faite entre autre de l'exclusion de harcèlement volontaire?

Je vous dit ça en sachant très bien que la grande majorité de mes amis sont ou deviendront des conformistes. Eux-mêmes ne l'assument pas toujours très bien, ils disent bien croire à une certaine forme d'idéalisme qu'ils anéantissent par leurs actions. Ce ne sont pas de mauvaises personnes pour autant, loin de là. On a tous le choix d'être libre (enfin, dans un cadre relativement modeste) et on peut faire des actions en ce sens ou non. Je pense simplement qu'il faut savoir qui on est et qu'en participant aux aspects de la société qu'on peut dénoncer en parole, on encourage ces mêmes aspects.

Il serait probablement intéressant d'analyser en détail mes défauts en ces termes: j'aime le fast-food et j'en mange sans tenir compte du restaurant. Par le fait même, j'encourage l'anti-syndicalisme, l'exploitation des jeunes, la monoculture alimentaire, la dégradation culturelle des traditions alimentaires, les contenants à usage unique (ça j'essaye d'éviter lorsque c'est possible) et ainsi de suite. Je considère simplement que ce n'est pas mon combat, mais au moins j'ai le mérite d'en être conscient. Parce qu'il est dur de vivre sans contradiction, peut-être devrait-on être indulgent envers ceux qui sont conscients de l'impact de leurs actions et qui sont avides d'informations. Là-dessus, je crois que j'en ai assez dit, bonne nuit!

vendredi 4 mai 2007

Le chef et ses marmitons

Récemment, mon ami Carl et moi avons décidés d'instaurer une tradition, c'est-à-dire que nous nous réunissions chez lui en ayant une recette en tête et nous consacrons nos énergies à réussir ladite recette. Encore plus récemment, nous avons décidés, après avoir fait un essai avec de la poutine au chili con carne, que cette tradition se fêterait entre amis et que chacun d'entre nous contribuerait au souper. Ce soir, nous étions sept pour apprêter une fiesta de tortillas avec salsa et guacamole maison.

Certains d'entre nous n'ont jamais mis les pieds dans une cuisine que pour y manger, d'autres font preuve de patience d'ange pour les corvées qui consistent à découper et mélanger des aliments tandis que Carl s'affère, sous ma gouverne, à courir un marathon pour que tout soit prêt dans les délais impartis. L'épopée rocambolesque se termine immanquablement par la présentation du souper et le décompte de la quantité de nourriture engloutie, qui atteint ma foi, des proportions hors normes. Par la suite, nous savourons une bonne bière bien méritée (ou encore ce cher Alex nous fera découvrir une nouvelle bouteille de cidre) tout en jasant et en jouant le plus souvent à un jeu de société après avoir débarrassée la table.

Il me semble que dans ces circonstances, il est plus facile de se sentir membre de quelque chose, d'avoir un sentiment d'appartenance ainsi que d'accomplissement, selon nos besoins personnels.
Il m'apparaît cependant que c'est quelque chose qui manque à la culture de bien des gens (dont mes amis à priori) et qui pourtant est source de tant de liberté, de créativité et d'imagination. Cela éveille l'odorat, exerce le sens du toucher, augmente la dextérité, permet d'être polyvalent, favorise la communication et développe des agencements gagnants et de réflexes pratiques. Pour ma part, ce n'est certes pas l'occasion d'essayer des recettes qui demandent un grand niveau de maîtrise culinaire (notre devise étant: un repas se préparant rapidement, pas trop ésotérique et relativement abordable), mais bien d'exercer le leadership nécessaire à l'organisation des tâches.

Bref, il s'agit là d'une option gagnante à chaque fois qui favorise la cohésion de notre groupuscule d'intellectuels un peu dispersés en ramenant le tout vers un projet commun. Ce qui est formidable avec ce groupe, c'est à la fois la grande décadence alimentaire, mais aussi le fait que les tabous sociaux n'existent pas et qu'il est par conséquent bienséant de parler de scatologie à table, comme de bien d'autres choses d'ailleurs. Alors invitez vos amis à votre table et mangez joyeusement ensemble!