dimanche 27 septembre 2009

Mes vacances chez grand-mère prise 2

La chambre où j’ai séjourné m’a bien servie : elle me m’a pas dérangée avec la lumière ambiante du matin, étant donné que les volets étaient tirés et j’ai donc pu profiter d’une bonne nuit de sommeil. Il me semble d’ailleurs ne pas avoir fait grand-chose, si ce n’est d’avoir remis en état de marche la bicyclette de feu mon grand-père pour aller explorer les contrées verdoyantes qui composent le paysage de mon enfance. Je suis allé trouver le chalet, où j’ai remarqué que les herbes étaient hautes comme il ne l’avait jamais été. J’ai également trouvé que le nouveau chemin enlaidissait considérablement le paysage, attendu qu’il aurait suffi, à mon avis, d’un bon drainage s’occuper de l’ancienne route. J’ai rapidement quitté ce coin pour dévaler quelques pentes, histoire de revoir des paysages, qui, j’en étais certain, n’avaient pas changé.

En revenant, j’ai raconté mon excursion à ma grand-maman, qui elle en retour me parlait des fêtes qu’avait connues le chalet, des souvenirs qu’elle y avait en y pensant à travers les frimousses de ses enfants et même à travers nous, ses petits-enfants. Elle me parlait des terrains qu’elle avait dû acheter et tout le bazar. Cela nous a menés assez tard, à jaser dans le solarium, en arrière de la maison. Par la suite, j’ai tenté une expérience en revenir des morceaux de poulet avec des fines herbes, mais ce ne fut pas une expérience très intéressante et son succès fut mitigé. L’assiette royale de fruits par contre, elle, produit un effet visuel intéressant : il s’agissait simplement d’une mosaïque constituée de bleuets, d’ananas, de kiwi de pommes ainsi que de quelques cerises au marasquin. Cependant, nous n’étions pas tellement en appétit. Nous avons par la suite longuement discuté : elle me parlait du Montréal qu’elle avait connu, des Long Island qu’elle allait prendre au centre-ville, des nuits folles qui se terminaient au petit matin, de l’épreuve de force qui lui a permis de réussir ses études en infirmerie, de la famille, la naissance de ma grande cousine, la bonté légendaire de sa sœur Madeleine, des « erreurs » de notre arbre généalogique, etc. Elle souhaitait m’écouter m’exprimer à propos du Montréal que moi je connais, de ma carrière en psychoéducation et de divers sujets d’actualité, qu’elle me dit seulement connaître par le reflet de ce qu’elle lit et de ce qu’elle entend à la télévision. Malgré les années et les lieux physiques qui changent, il semble que Montréal soit une ville avec une âme, chose dont peu de lieux physiques peuvent se targuer de posséder. La fatigue se fera sentir et nous amènera à nos chambres respectives, le temps de se revigorer pour le lendemain.

Le réveil se fera attendre, je ne sais pas pourquoi, mais mon corps semblait en manque de sommeil. Je me réveillerai très tard et j’en profiterai pour aller faire des commissions aux Escoumins. Plus tard, je prendrai le temps de parcourir le sentier en forêt avec mon vélo, dévalant les pentes et montant les collines au rythme qui me plait. Je prendrai le temps de décortiquer les essences de conifères : épinette, sapin et mélèze viendront se mêler à l’air salin du rivage qui apporte une brise légère et agréable, comme un souffle de vie. Ce soir, les vols au vent aux fruits de mer seront à l’honneur : pétoncles et crevettes dans une sauce blanche crémeuse. J’étais content de voir que grand-maman ne chipotait pas dans son assiette, elle s’est même fait resservir, ce qui m’a évidemment beaucoup plut. Ce soir, pour profiter d’un beau moment ensemble, nous avons décidé de regarder les collines de mon père, le film de Marcel Pagnol qui est si beau et si agréable à voir. Je pense que de pouvoir partager un petit moment de bonheur comme cela ensemble fait parti dans plaisirs de la vie. Nous discuterons encore de tout et de rien, mais dans une moindre mesure : la fatigue se fera rapidement sentir. Je peux simplement dire qu’elle a pris soin de m’écouter lui relater un petit problème de la vie quotidienne qu’elle m’a aidé à surmonter avec son écoute empathique (notez bien ici le vocabulaire technique du psychoéducateur). Tout ça en plein milieu de la cuisine, alors que les aiguilles avancent inexorablement vers temps qui s’approche de plus en plus des petites heures. Finalement, nos lits nous retrouveront respectivement sains et saufs.

mardi 22 septembre 2009

Mes vacances chez grand-mère prise 1

Mercredi matin, 6h10 : je pars alors que le soleil tarde à se lever pour faire la longue route qui sépare mon logement montréalais de la maison de ma grand-mère, chez qui je suis attendu. Environ 550 kilomètres me séparent de mon objectif : je roule tranquillement à bord de la voiture paternelle en buvant un café fumant. J’ai dans la glacière assez de nourriture pour nous nourrir pendant au moins 2 semaines sans nous rationner : fruits frais, légumes du jardin, fromages, steaks, saucisses d’autruche, viande de cheval, poulet, bœuf, porc, salade russe, soupe poulet et nouille maison, crevettes, pétoncles… non pas que ma grand-mère a un frigo dégarni, mais son petit-fils s’en va chez elle pour lui faire un marathon de cuisine.

La route est magnifique une fois qu’on passe Sainte-Anne-de-Beaupré : elle serpente les collines et nous plonge à travers une panoplie de paysages champêtres qui évoquent chez moi des souvenirs de vacances. St-Tite-Des-Caps est logé en haut de la Côte-de-Beaupré, là où la température descend subitement de 3 ou 4 degrés. Le paysage montagneux nous amènera ensuite à l’entrée de Charlevoix, à Baie St-Paul, une ville rustique au centre-ville fort agréable et où l’on trouve la fromagerie du Migneron, qui vaut à elle seule le passage

J’éprouve un peu de nostalgie quand je passe là-bas puisque, m’a-t-on appris, la maison de mes aïeux est située à proximité : il y a même un arbre là où jadis se trouvait la cuisine. Puis viendra La Malbaie. J’aime Charlevoix pour son refus de se plier au défaitisme de région : les produits du terroir y sont légions, ses habitants sont réputés accueillants et hormis le tronçon de la 138, personne ne s’y sent pressé par le temps. Étant un montréalais dans l’âme, j’y mangerai un sandwich en vitesse, question de terminer mon trajet le plus tôt possible. Une fois passé le pont, le trajet semble se raccourcir : reste encore le village de St-Fidèle, naguère une halte routière pour profiter du fromage en crotte qui était si bon, la fameuse « Côte de la mort », un tournant abrupt qui descendait rapidement et où plusieurs automobilistes avaient trépassé (aujourd’hui, la côte a été adoucie). Puis, on finit par arriver à Baie-Sainte-Catherine, où l’on prendra le traversier pour gagner la rive de Tadoussac. J’y suis le dernier véhicule à embarquer, au point où dès que j’éteins le moteur et que j’actionne le frein à main, les dents du quai d’embarquement se lèvent et les moteurs du bateau s’actionnent. Les courants nous sont favorables et nous gagnons Tadoussac en moins de deux.

À partir du moment où je débarque du bateau, l’air salin du rivage me gagne et c’est là le début des vacances. Si les côtes sont moins raides, le paysage vallonné, partagé entre collines verdoyantes et lacs miroitants d’infinies ondées de soleil, nous pousse à la détente. Le pied se veut moins pesant sur l’accélérateur, on savoure toutes les courbes de la route avant de bifurquer à gauche après le premier (sinon le seul) viaduc de la Côte-Nord.

Je plonge alors dans une route cahoteuse, vieillie par le temps, pour m’engager vers la droite, en face du cimetière où repose feu mon grand-père, pour aller rejoindre la résidence de ma grand-mère. En croisant une ferme d’une autre époque qui tombe en ruine, je me remémore les mots de mon grand-père qui me disait que même dans son jeune temps, la vieille maison qui pourrit au soleil était déjà vétuste.

J’irai trouver ma grand-mère à 12h47 bien précisément. Elle me demandera de l’embrasser bien fort, ce que je ferai avec empressement, attendu qu’elle évite d’ordinaire les contacts physiques. Rapidement, je prendrai mes bagages pour m’installer et je remarque l’air ahuri de ma grand-mère, qui as dû penser que je moi je pensais qu’elle manquait de nourriture. Je place minutieusement le contenu de la glacière en répartissant le tout entre panier à fruits, congélateur et frigo. Puis, à mon tour de manger un petit quelque chose, le temps de m’arrêter vraiment quelques minutes et de savourer une bonne soupe de grand-mère. J’avais la bougeotte et quelques minutes après, j’ai eu l’envie de m’étendre sur le sofa.

Je n’ai pas su tirer profit des enseignements de la simplicité volontaire, étant un peu pataphysicien sur les bords : je n’avais pas assez d’avoir déplacé mes vivres que j’étais empli d’une énergie nouvelle pour aller cueillir des bleuets, question de faire une tarte à ma grand-mère. J’ai donc sillonné la route jusqu’à la talle de mon enfance, équipé pour seul bagage d’une vieille casserole pour y déposer les fruits bleus. Croyez-le ou non, j’ai passé presque trois heures pour ramasser un fond qui a dû être comblé avec des fraises pour faire une tarte digne de ce nom. Le repas du soir était constitué d’une soupe poulet et nouilles maison, d’un steak sauce à la crème servie avec une petite salade ainsi que de ladite tarte. Inutile de dire qu’après avoir fait la vaisselle, je n’ai eu d’autre envie que de ramper à mon lit avec la ferme intention d’y dormir tout mon saoul.