vendredi 27 novembre 2009

La coiffeuse irlandaise

Hier, je suis allé me faire couper les cheveux et la coiffeuse n’était pas particulièrement loquace : les bribes de conversation que nous avions en venaient toujours à s’estomper. Son accent trahissait que sa première langue n’était évidemment pas celle de Rabelais (Molière, ça fait tellement « déjà vu »), alors je lui ai posé une question directe : « es-tu anglophone? » et sa réponse fut « oui ». Elle m’a expliqué qu’elle aime bien la langue française, mais qu’elle est gênée de l’utiliser et de se fourvoyer dans ses mots. Elle me raconte qu’elle n’éprouve pas de difficultés avec ses proches, mais que les étrangers la rendent nerveuse. J’aime beaucoup ma langue et l’utiliser est un plaisir, mais dans le contexte, j’ai compris que ma conversation serait beaucoup plus agréable si je décidais de m’exprimer dans la langue de Wolfe, ce que nous fîmes.

À ce moment précis, cette jeune femme qui avait manifestement une anxiété de performance et qui faisait vérifier le moindre de mes cheveux par sa professeure s’est ouverte sur sa vie, sur son cours et mes sur son cœur. Étant, je crois, un intervenant dans l’âme, j’ai souligné quelques forces à travers les choses qu’elle me racontait. Une chose qui m’a paru intéressante, c’est qu’elle m’a dit être irlandaise et qu’elle aimerait visiter sa terre natale. Ayant un peu entendu parler de ce coin de pays, je lui demande si elle aimerait apprendre quelques mots de gaélique, mais elle me répond qu’elle ne savait pas qu’ils parlaient cette langue là-bas. Elle dit qu’elle ne connait pas ses origines et qu’elle souhaite les découvrir. D’une part, cette remarque m’a touché, mais ce qui m’a le plus fait chaud au cœur, c’est quand je l’ai entendu me dire qu’elle me ferait elle-même mes tours d’oreille sans demander à sa professeure, parce qu’elle se sentait assez à l’aise de les faire.

J’ai payé et je suis parti ayant en tête ses petites choses qu’elle m’a racontées. Au fil de mon passage, j’ai réalisé à quel point j’ai la chance de faire un beau métier. Lorsque je me permets d’utiliser mes habiletés à l’extérieur de mon contexte de travail, en étant agréable avec une personne, je trouve que c’est un petit plaisir que j’aime bien partager.

jeudi 19 novembre 2009

Festinons avec Françoise

(Chers lecteurs, j'abandonne l'idée de terminer mon texte sur les Bergeronnes, n'ayant pas l'idée pour rendre mon texte de clôture intéressant. Laissez-moi vous relater une expérience culinaire des plus intéressantes : le festin de Françoise.)


Ma chère amie Françoise aura eu l’occasion de fêter son 26e anniversaire. Depuis maintenant sept ans, nous nous échangeons un souper de fête à nos anniversaires respectifs. C’était donc à mon tour de l’accueillir et ce fut un plaisir que d’avoir l’occasion de célébrer de nouveau ensemble notre amour inconditionnel du plaisir de manger.

Nous avons eu l’occasion de partager un festin de six services. Mon esprit un peu impulsif à eu le dessus sur la planification serrée que j’avais prévu : j’ai concocté mon menu la journée même, avec l’aide de mon plus jeune frère, qui m’a conseillé quelques plats.

La mise en bouche était fort simple : rillettes de canard acheté avec une baguette de pain au levain, le tout avec un fromage quadruple crème et un autre mi-chèvre mi-vache. J’ai servi un champagne d’étudiant : il s’agit de jus de raisin de muscat coupé avec de l’eau minérale. Rien à cuisiner, mais c’est toujours très bon. Nous avons attaqué le deuxième plat en grande : couscous de chou-fleur dans sa mayonnaise au curry et ses crevettes au vinaigre balsamique. Mon frère et moi nous étant mal compris, j’ai fait un plat en trop que j’ai servi ici : effiloché de bœuf au parmesan sur un lit de salade du jardin. Rehaussé avec de la sauge et de la moutarde, le bœuf donnait une saveur agréable est un bouquet plus complexe en bouche.

Par la suite, comme j’avais dû raser un chou-fleur, j’ai servi un potage du même légume, en utilisant du bouillon de poulet que j’ai fait moi-même. Le tout parfumé par un peu de thym et de basilic, il manquait seulement à saler et à poivrer au goût pour profiter de la mixture. S’en suit un autre plat de pré-résistance : le tartare de saumon à l’avocat. Pour aider à amalgamer les saveurs, une petite mayonnaise nature ainsi que du gingembre et du jus de citron.

Le plat de résistance était une salade décomposée avec des crevettes tigrées géantes, des pétoncles ainsi que des rondelles d’oignons frites. Le tout a été agrémenté par un choix de trois mayonnaises : une au curry, une au safran et une autre au cumin. Je pense qu’à ce moment précis, nous avons pris une petite pause avant de servir le dessert, question de donner un moment de répit à nos estomacs fatigués par tant de travail.

Finalement, j’ai servi un dessert au verre : une pièce montée de raisins caramélisés au vinaigre de Xérès dans de la crème Chantilly maison saupoudrée de zeste d’orange, de chocolat noir et aromatisée avec un peu d’eau de fleur d’orangé. Nous avons mangé cela en compagnie d’une bouteille de vin Sauvignon Blanc de pourritures nobles. Le mélange n’était pas parfait, mais je pense que les convives ont tout de même apprécié.

Histoire de digérer tous ces plats, nous avons ultimement conclus le repas avec une liqueur maison aux abricots, que nous avons savouré bien lentement au fil de notre discussion aux milles relents.

dimanche 27 septembre 2009

Mes vacances chez grand-mère prise 2

La chambre où j’ai séjourné m’a bien servie : elle me m’a pas dérangée avec la lumière ambiante du matin, étant donné que les volets étaient tirés et j’ai donc pu profiter d’une bonne nuit de sommeil. Il me semble d’ailleurs ne pas avoir fait grand-chose, si ce n’est d’avoir remis en état de marche la bicyclette de feu mon grand-père pour aller explorer les contrées verdoyantes qui composent le paysage de mon enfance. Je suis allé trouver le chalet, où j’ai remarqué que les herbes étaient hautes comme il ne l’avait jamais été. J’ai également trouvé que le nouveau chemin enlaidissait considérablement le paysage, attendu qu’il aurait suffi, à mon avis, d’un bon drainage s’occuper de l’ancienne route. J’ai rapidement quitté ce coin pour dévaler quelques pentes, histoire de revoir des paysages, qui, j’en étais certain, n’avaient pas changé.

En revenant, j’ai raconté mon excursion à ma grand-maman, qui elle en retour me parlait des fêtes qu’avait connues le chalet, des souvenirs qu’elle y avait en y pensant à travers les frimousses de ses enfants et même à travers nous, ses petits-enfants. Elle me parlait des terrains qu’elle avait dû acheter et tout le bazar. Cela nous a menés assez tard, à jaser dans le solarium, en arrière de la maison. Par la suite, j’ai tenté une expérience en revenir des morceaux de poulet avec des fines herbes, mais ce ne fut pas une expérience très intéressante et son succès fut mitigé. L’assiette royale de fruits par contre, elle, produit un effet visuel intéressant : il s’agissait simplement d’une mosaïque constituée de bleuets, d’ananas, de kiwi de pommes ainsi que de quelques cerises au marasquin. Cependant, nous n’étions pas tellement en appétit. Nous avons par la suite longuement discuté : elle me parlait du Montréal qu’elle avait connu, des Long Island qu’elle allait prendre au centre-ville, des nuits folles qui se terminaient au petit matin, de l’épreuve de force qui lui a permis de réussir ses études en infirmerie, de la famille, la naissance de ma grande cousine, la bonté légendaire de sa sœur Madeleine, des « erreurs » de notre arbre généalogique, etc. Elle souhaitait m’écouter m’exprimer à propos du Montréal que moi je connais, de ma carrière en psychoéducation et de divers sujets d’actualité, qu’elle me dit seulement connaître par le reflet de ce qu’elle lit et de ce qu’elle entend à la télévision. Malgré les années et les lieux physiques qui changent, il semble que Montréal soit une ville avec une âme, chose dont peu de lieux physiques peuvent se targuer de posséder. La fatigue se fera sentir et nous amènera à nos chambres respectives, le temps de se revigorer pour le lendemain.

Le réveil se fera attendre, je ne sais pas pourquoi, mais mon corps semblait en manque de sommeil. Je me réveillerai très tard et j’en profiterai pour aller faire des commissions aux Escoumins. Plus tard, je prendrai le temps de parcourir le sentier en forêt avec mon vélo, dévalant les pentes et montant les collines au rythme qui me plait. Je prendrai le temps de décortiquer les essences de conifères : épinette, sapin et mélèze viendront se mêler à l’air salin du rivage qui apporte une brise légère et agréable, comme un souffle de vie. Ce soir, les vols au vent aux fruits de mer seront à l’honneur : pétoncles et crevettes dans une sauce blanche crémeuse. J’étais content de voir que grand-maman ne chipotait pas dans son assiette, elle s’est même fait resservir, ce qui m’a évidemment beaucoup plut. Ce soir, pour profiter d’un beau moment ensemble, nous avons décidé de regarder les collines de mon père, le film de Marcel Pagnol qui est si beau et si agréable à voir. Je pense que de pouvoir partager un petit moment de bonheur comme cela ensemble fait parti dans plaisirs de la vie. Nous discuterons encore de tout et de rien, mais dans une moindre mesure : la fatigue se fera rapidement sentir. Je peux simplement dire qu’elle a pris soin de m’écouter lui relater un petit problème de la vie quotidienne qu’elle m’a aidé à surmonter avec son écoute empathique (notez bien ici le vocabulaire technique du psychoéducateur). Tout ça en plein milieu de la cuisine, alors que les aiguilles avancent inexorablement vers temps qui s’approche de plus en plus des petites heures. Finalement, nos lits nous retrouveront respectivement sains et saufs.

mardi 22 septembre 2009

Mes vacances chez grand-mère prise 1

Mercredi matin, 6h10 : je pars alors que le soleil tarde à se lever pour faire la longue route qui sépare mon logement montréalais de la maison de ma grand-mère, chez qui je suis attendu. Environ 550 kilomètres me séparent de mon objectif : je roule tranquillement à bord de la voiture paternelle en buvant un café fumant. J’ai dans la glacière assez de nourriture pour nous nourrir pendant au moins 2 semaines sans nous rationner : fruits frais, légumes du jardin, fromages, steaks, saucisses d’autruche, viande de cheval, poulet, bœuf, porc, salade russe, soupe poulet et nouille maison, crevettes, pétoncles… non pas que ma grand-mère a un frigo dégarni, mais son petit-fils s’en va chez elle pour lui faire un marathon de cuisine.

La route est magnifique une fois qu’on passe Sainte-Anne-de-Beaupré : elle serpente les collines et nous plonge à travers une panoplie de paysages champêtres qui évoquent chez moi des souvenirs de vacances. St-Tite-Des-Caps est logé en haut de la Côte-de-Beaupré, là où la température descend subitement de 3 ou 4 degrés. Le paysage montagneux nous amènera ensuite à l’entrée de Charlevoix, à Baie St-Paul, une ville rustique au centre-ville fort agréable et où l’on trouve la fromagerie du Migneron, qui vaut à elle seule le passage

J’éprouve un peu de nostalgie quand je passe là-bas puisque, m’a-t-on appris, la maison de mes aïeux est située à proximité : il y a même un arbre là où jadis se trouvait la cuisine. Puis viendra La Malbaie. J’aime Charlevoix pour son refus de se plier au défaitisme de région : les produits du terroir y sont légions, ses habitants sont réputés accueillants et hormis le tronçon de la 138, personne ne s’y sent pressé par le temps. Étant un montréalais dans l’âme, j’y mangerai un sandwich en vitesse, question de terminer mon trajet le plus tôt possible. Une fois passé le pont, le trajet semble se raccourcir : reste encore le village de St-Fidèle, naguère une halte routière pour profiter du fromage en crotte qui était si bon, la fameuse « Côte de la mort », un tournant abrupt qui descendait rapidement et où plusieurs automobilistes avaient trépassé (aujourd’hui, la côte a été adoucie). Puis, on finit par arriver à Baie-Sainte-Catherine, où l’on prendra le traversier pour gagner la rive de Tadoussac. J’y suis le dernier véhicule à embarquer, au point où dès que j’éteins le moteur et que j’actionne le frein à main, les dents du quai d’embarquement se lèvent et les moteurs du bateau s’actionnent. Les courants nous sont favorables et nous gagnons Tadoussac en moins de deux.

À partir du moment où je débarque du bateau, l’air salin du rivage me gagne et c’est là le début des vacances. Si les côtes sont moins raides, le paysage vallonné, partagé entre collines verdoyantes et lacs miroitants d’infinies ondées de soleil, nous pousse à la détente. Le pied se veut moins pesant sur l’accélérateur, on savoure toutes les courbes de la route avant de bifurquer à gauche après le premier (sinon le seul) viaduc de la Côte-Nord.

Je plonge alors dans une route cahoteuse, vieillie par le temps, pour m’engager vers la droite, en face du cimetière où repose feu mon grand-père, pour aller rejoindre la résidence de ma grand-mère. En croisant une ferme d’une autre époque qui tombe en ruine, je me remémore les mots de mon grand-père qui me disait que même dans son jeune temps, la vieille maison qui pourrit au soleil était déjà vétuste.

J’irai trouver ma grand-mère à 12h47 bien précisément. Elle me demandera de l’embrasser bien fort, ce que je ferai avec empressement, attendu qu’elle évite d’ordinaire les contacts physiques. Rapidement, je prendrai mes bagages pour m’installer et je remarque l’air ahuri de ma grand-mère, qui as dû penser que je moi je pensais qu’elle manquait de nourriture. Je place minutieusement le contenu de la glacière en répartissant le tout entre panier à fruits, congélateur et frigo. Puis, à mon tour de manger un petit quelque chose, le temps de m’arrêter vraiment quelques minutes et de savourer une bonne soupe de grand-mère. J’avais la bougeotte et quelques minutes après, j’ai eu l’envie de m’étendre sur le sofa.

Je n’ai pas su tirer profit des enseignements de la simplicité volontaire, étant un peu pataphysicien sur les bords : je n’avais pas assez d’avoir déplacé mes vivres que j’étais empli d’une énergie nouvelle pour aller cueillir des bleuets, question de faire une tarte à ma grand-mère. J’ai donc sillonné la route jusqu’à la talle de mon enfance, équipé pour seul bagage d’une vieille casserole pour y déposer les fruits bleus. Croyez-le ou non, j’ai passé presque trois heures pour ramasser un fond qui a dû être comblé avec des fraises pour faire une tarte digne de ce nom. Le repas du soir était constitué d’une soupe poulet et nouilles maison, d’un steak sauce à la crème servie avec une petite salade ainsi que de ladite tarte. Inutile de dire qu’après avoir fait la vaisselle, je n’ai eu d’autre envie que de ramper à mon lit avec la ferme intention d’y dormir tout mon saoul.

lundi 3 août 2009

Vivre à l’air du XXIe siècle

Je souhaite réagir à l’annonce de la ministre Normandeau voulant que le Québec se dote d’évaluations environnementales stratégiques (EES) pour régir l’exploitation de gisement de pétrole et de gaz dans le golfe du St-Laurent, en dépit du moratoire actuel. Cela laisse à penser que le Québec pourrait faire, en matière d’environnement, un grand bond en arrière. Au XXIe siècle, il n’y a plus d’hésitation possible : nous allons tout droit vers une catastrophe climatique. La qualité de notre ère est donc indissociable de la qualité de notre air, de notre eau, etc.

Le pétrole fut la source d’énergie par excellence du XXe siècle, il est au cœur même de notre mode de vie. Force est d’admettre qu’à l’entrée d’un nouveau siècle, nous en sommes complètement dépendants. Je n’écris pas ces lignes dans le but de vous parler de tous les problèmes liés à l’extraction, au raffinage et à l’utilisation du pétrole, je crois que le tour a été fait. Le but de mon texte est de réagir à l’annonce de la ministre Normandeau : pourquoi le Québec, nation tout entière pro-Kyoto, orientée vers les énergies du XXIe siècle, voudrait-il faire l’extraction du pétrole, nous reléguant sur un modèle économique désuet comme celui de l’Alberta? À quel coût?

Les régions touchées comme la Côte-Nord, le Bas St-Laurent et la Gaspésie, dépendent beaucoup du tourisme et des ressources naturelles. Le fleuve St-Laurent est un des joyaux du monde, qui recèle une myriade de formes de vie. Tout déséquilibre aurait des conséquences dramatiques sur la vie marine, entendue qu’il s’agit d’un milieu extrêmement sensible. Il va sans dire que ces conséquences entraineraient également un manque à gagner pour des milliers de Québécois qui vivent des ressources fournies par le fleuve.

Le Québec possède un joyau avec le fleuve St-Laurent, berceau de 90% des habitants de notre belle province, il suffit d’aller voir quelques milieux d’interprétation pour s’en convaincre. Je somme donc le gouvernement de faire marche arrière et de faire un geste courageux, dont les générations futures se souviendront avec fierté : je demande à la ministre des Ressources naturelles, madame Nathalie Normandeau, de décréter le fleuve St-Laurent comme une zone protégée de toutes formes d’exploitation de combustibles fossiles.

mardi 30 juin 2009

Pas de lasagnes sans invectives

N.B. : Le terme « lasagne » est mis au pluriel, car s'il n'y avait qu'une seule lasagne, les invectives n'auraient pas lieu d'être.

C'est officiel, la chasse à la meilleure lasagne est ouverte : même en été, pourquoi se priver du plaisir de faire cuire des plats au four (je ne connais personne qui fait sa lasagne au BBQ, mais je serais curieux de rencontrer des amateurs du genre) ? Qui dit lasagne dit goût personnel et qui dit goût personnel dit procès d'intentions, bagarre de fond de ruelle ou déclaration de guerre. Clarifions maintenant le type de projet : il s'agit d'une lasagne sauce à la viande. La première chose à savoir est que cette sauce se doit d'être plus consistante que la comparse que l'on servira avec des pâtes.

J'aimerais décrier avec véhémences l'ensemble des iconoclastes qui croient faire justice à une lasagne en exigeant une sauce lymphatique : elle doit se tenir, c'est comme un adolescent : on le préfère lorsqu'il a une colonne! Enfin, passons, j'en suis à poser la question : « Mais diantre, comment fait-on une bonne sauce à la viande ». J'ai coutume de dire que la sauce à la viande est comme la signature de quelqu'un : on peut toujours la contrefaire, mais ce n'est jamais tout à fait pareil. Certains y mettent du vin, d'autre du vinaigre balsamique, de la saucisse, des carottes (horreur), etc. Pour ma part, j'aime bien utiliser la vieille recette du « fond de frigo » ayant comme dénomination commune « tousky », abréviation de tout ce qu'il reste. Les purs et durs feront eux-mêmes la pâte de tomate (grand bien leur fasse), d'autres prendront des fines herbes fraiches (ce sont les meilleurs, car j'en suis), d'autres encore, ces diététiciens de malheur retireront le gras du bœuf haché. Le contrôle de l'acidité joue un rôle prépondérant, tout comme le bon dosage des épices, qui ne doivent pas éclipser la saveur. Je considère, à titre personnel, qu'une sauce à la viande est dénaturée lorsqu'on y met du sucre en trop grande quantité ou des carottes, mais tous les goûts sont (apparemment) dans la nature...

Puis, il demeure la question de l'assortiment avec les pâtes et le fromage. Les pâtes fraiches sont évidemment celles qui devraient être préconisées, mais les pâtes régulières feront très bien l'affaire. Quant aux fromages, les puristes ne jureront que par une mozzarella, pour ne pas faire fondre un fromage d'exception alors que d'autres iront pour des mélanges de plusieurs sortes, pour permettre un plus large éventail de goût. Je suis de ceux qui aiment le pepperoni dans la lasagne : un sacrilège pour les puristes, qui voit un espace inutilisé pour rajouter une couche de fromage, une bénédiction pour les amants de la viande, personne n'a la réponse à tout. La comparse Vicky, notre voisine, rajoute quant à elle une sauce rosée à la sauce à la viande, pour y donner un goût plus crémeux. D'ailleurs, si je ne lui avais pas fait un lynchage sur la place publique, elle aurait osé incorporer à sa sauce maison (qui est d'ordinaire succulente) une sauce en enveloppe! Comme quoi quand il s'agit de sauce, toutes les susceptibilités réussissent à y ajouter leur grain de sel.

La meilleure lasagne que j'ai mangée m'a été fournie par Vicky et je dois bien humblement admettre que je n'ai réussi qu'un seul coup de maître en terme de lasagne : j'avais alors broyé ma sauce, chose que je répugne à faire pour des questions personnelles... bon d'accord, l'histoire veut que ma mère ait broyé toutes les sauces à spaghetti parce que mon frère n'aimait pas les champignons et elle voulait épargner ses sentiments. Là-dessus, ami lecteur, j'ai bien hâte de vous retrouver pour ma prochaine chronique décisive, mais pour l'instant, j'en suis à me demander si ce blogue devrait se convertir en blogue culinaire uniquement.

vendredi 5 juin 2009

Pourquoi faut-il manger de la viande

N.B. : J'invite le lecteur à lire ce texte en ayant en tête qu'il s'agit d'un point de vue que j'avais au moment de créer cette entrée en 2009 et non d'une recherche scientifique. Les termes employés sont provoquant et le ton cinglant. Je vous invite à lire ma nouvelle entrée afin d'obtenir un autre point de vue (ainsi qu'un lien sur une conférence intéressante).

Je suis un omnivore, mes dents le prouvent, mon corps digère aisément la matière animale, mon système en retire d'ailleurs plus de nutriments que ceux des fruits, des légumes et des grains. J'accepte cette réalité biologique de mon corps, je m'y soumets totalement, car depuis que l’homme est homme, l'homme chasse et mange ses proies. Nos plus proches cousins, les signes, sont également omnivores. Le cochon, dont nous partageons 97% du bagage génétique (mais malheureusement pas la faculté d'avoir des orgasmes de trente minutes), est également un omnivore.

Ensuite, je crois personnellement que l'ensemble du monde est omnivore, bien qu'il n'existe aucune statistique fiable qui puisse appuyer ces dires. D'après certains sondages dans des pays occidentaux, on retrouve entre 0,2% et 6% de végétariens, dont 33 à 50% seraient qualifiés de végétaliens, aux États-Unis à tout le moins. Dans les pays où nous avons le choix de manger ce que nous voulons, car nous ne sommes pas assujettis à des contraintes budgétaires importantes, nous mangeons abondamment de la viande. 97% des Canadiens mangent de la viande au moins occasionnellement, 99% consomment des œufs et/ou des produits laitiers.

Pour qualifier le terme végétarien, nous devons en établir les préceptes de base : personne qui ne consomme aucune forme d'animaux, tels des fruits de mer, des poissons, de la volaille et des viandes rouges. Il existe également les ovo-lacto-végétariens, qui peuvent manger des œufs ainsi que des produits laitiers. Tous les autres, sans exception, sont soit des pseudovégétariens ou des omnivores qui ont une préférence pour les menus composés de végétaux. Ceux qui se qualifient de végétariens totalisent une plus grande partie du pourcentage de la population, mais il existe trop de variation pour les qualifier. On peut donc supposer que pour qu'une si petite partie de la population suive des principes dogmatiques, c'est qu'elle est marginale. La proportion de végétaliens est également encore plus marginale, elle doit rejoindre le nombre d'électeurs en faveur d'un parti communiste canadien et j'ai bien l'impression qu'on pourrait trouver une corrélation intéressante si on s'amusait à faire des statistiques.

Certaines personnes deviennent végétariennes pour perdre du poids, mais c'est souvent une tentative vouée à l'échec. Ceci est d'ailleurs cocasse si on considère que la nutrition végétarienne peut amener une mauvaise absorption des protéines et elle peut entrainer une très mauvaise répartition du poids dans le corps. S'il est vrai que les végétaliens ont souvent un poids plus adéquat, ils doivent absolument prendre des suppléments vitaminiques ou faire des concessions pour rester en vie : leur diète ne leur permet pas d'avoir la vitamine B12, essentielle à la vie humaine. Ils achèteront donc des produits enrichis de vitamine B12 ou encore, ils consommeront des suppléments alimentaires, ce qui est un peu contre ce côté « naturel ». De même, les végétariens ont à faire très attention à leur nutrition, une chose qui n'est pas absolument indispensable pour survivre avec un régime de nature omnivore. Les femmes enceintes doivent particulièrement faire attention, notamment pour la carence en fer.

Maintenant, je vais parler d'une chose que la plupart des végétariens stricts ne peuvent pas comprendre : l'hédonisme. Tous les moments dédiés aux repas sont pour moi une source de plaisir et aucune concession ne devrait m'empêcher de manger ce que je désire gouter (sauf peut-être les espèces protégées). Quelle frustration que d'aller dans un restaurant et de voir si je peux y trouver trois miettes de pain pour me sustenter, ou encore de faire des kilomètres pour trouver un restaurant qui a un menu assez varié. Encore d'autres frustrations lorsque je serais invité chez un ami, dans ma famille, chez une charmante demoiselle qui aurait préparé un savoureux plat mijoté avec amour pendant des dizaines d'heures (voire des jours) pour lui dire « désolé, je ne peux pas manger ça, je suis végétarien ».

Je ne parlerais pas pendant des heures avec mon boucher de ses découvertes, de ses nouveautés, de l'amour qu'il a pour son travail, qui se perpétue de génération en génération. Je serais constamment frustré : plus que deux ou trois sortes de poutines pour moi à la Banquise, finies les joies d'un barbecue qui uni l'ensemble des convives au milieu de viandes qui cuisent agréablement et où tout le monde partage ensemble. Adieu les longues marinades, les types de cuisson, la chasse et la pêche, activités viriles par excellence, qui réconcilient l'homme avec sa nature profonde.

La conclusion de ma longue recherche pour vaincre l'argumentaire végétarien se traduit donc par les conclusions suivantes :

Oui, il est possible d'être végétarien et d'être en santé, mais il faut faire des concessions

Les végétariens cherchent à manger de la viande : ils utilisent des substituts de bouillon de poulet, des substituts de gélatine et de fausses viandes en tout genre. S'il est vrai qu'ils y parviennent parfois, il est nécessaire de rappeler qu'il s'agit de substituts et non de produits réels, qui sont toujours bien meilleurs.

Les végétariens doivent toujours faire attention à avoir une alimentation très variée et à avoir des notions de nutritions s'ils veulent survivre, alors que n'importe quel omnivore peut vivre selon ses goûts et convenances.

Voici quelques questions pour les réactionnaires de gauche qui cherchent à éliminer des traditions millénaires qui ont permis la procréation de la vie dans toutes les régions du monde (elles sont tirées et librement traduites de ce site) :

Des milliers de kilomètres de terre ne sont pas propices à cultiver des aliments, mais où les animaux peuvent y vivre. En arrêtant l'élevage de ces animaux, laissant pour morts des milliers de personnes qui dépendent de cette viande pour vivre. Est-ce qu'il fait sens d'élever des animaux là où l'agriculture ne peut survive ?

Un animal vivant sur 1 acre de terrain qu'on tue et où le terrain n'est pas cultivé, il s'agit d'une mort. Un acre de terre cultivée pour l'agriculture élimine beaucoup de vie sauvage, mais est-ce positif d'empêcher la vie sauvage de suivre son cours ?

Est-ce la viande qui cause des problèmes de santé ou la manière dont la viande est élevée?

Les ovo-lacto-végétariens, de par leur consommation, appuient la mise à mort des coqs et des veaux mâles. Ce faisant, vous contribuez donc au marché de la viande (merci).

Notion épicurienne importante : moi je peux abondamment profiter des bienfaits de la cuisine végétarienne, car je l'apprécie et je ne m'en prive pas, mais eux se privent d'un monde en refusant de gouter à toutes les splendeurs que je peux faire avec de la viande. Je serais même prêt à dire que quiconque goûterait à mon bœuf à l'italienne, à mes côtes-levées à la japonaise ou à mes rouleaux impériaux pourrait dès lors dire adieu à ses convictions végétariennes pour le peu que ses papilles gustatives soient bien développées.

Sur ce, je vous laisse avec une citation de chandail que j'ai trouvée bien amusante : « Save a melon. Eat a vegetarian ».

jeudi 4 juin 2009

Mon premier don de sang

N.B. Malgré ma tendance actuelle à toujours parler de ce qui se mange, le sang, au contraire, il se boit!

Il y a longtemps que je songeais à donner de mon sang, mais la peur des aiguilles me tétanisait à chaque occasion. Je perdais immanquablement mon courage et passait mon chemin, en me retournant à la vue des sujets qui, généreusement, abreuvaient des sacs de plastique. Plus jeune, j'ai été traumatisé par les aiguilles, je me souviens très bien pourquoi d'ailleurs : quand j'avais 5 ans, au CLSC, une infirmière à la qualification douteuse s'y était prise à 4 ou 5 reprises avant de planter correctement sa seringue dans ma veine, ce qui m'avait occasionné un mal de chien. Je ne voulais plus jamais voir d'aiguille de ma vie, j'en avais eu ma claque.

Beaucoup plus tard, à ma première année de Cégep, il y avait un vaccin que je suis allé prendre. Je me rappelais les vaccins au primaire, où je devenais blême et que mon odorat et ma vision se transformaient après l'impact de l'aiguille. J'en avais peur, je ne voulais pas y aller, mais il y a eu plus de peur que de mal. Par la suite, il y a eu deux ou trois fois des collectes de sang à l'université, à l'ÉTS comme à l'UdeM, ce qui me faisait dire que ces dernières étaient réellement constituées de buveurs de sang. Encore une fois, je me suis renfrogné, j'étais une heure d'avance à mon cours (je voulais y aller), mais beaucoup trop lâche.

Aujourd'hui, j'ai laissé derrière moi mes craintes et mes appréhensions (figurativement, car j'étais quand même mort de trouille) pour me rendre au CLSC à côté de chez moi, afin de donner du sang. Un premier don, à l'âge respectable de 25 ans, ce me semble être un pas dans la bonne direction. Le fait qu'une charmante demoiselle m'ait fait un peu de conversation par la suite n'a pas été sans me convaincre que c'était là une bonne idée. Je me questionne à savoir lesquels de mes amis ont déjà donné du sang, qui le fait encore maintenant, pour quelles raisons. J'ose espérer que je serai à même de refaire l'expérience.

mardi 2 juin 2009

Fête, festin, farniente

Ça y est, c'est un peu passé sous silence, mais je viens d'atteindre l'âge vénérable du quart de siècle, je peux maintenant dire : « Dans mon temps [...] » (En fait, ce n'est pas comme si je ne m'étais jamais privé d'utiliser cette expression à foison). Chaque année, le vieillissement, comme un bon vin, nous permet de nous améliorer, mais ce n'est pas pour faire un texte moralisateur que j'écris, mon ambition, vous l'aurez deviné, c'est de vous faire part des festins, que dis-je des banquets qui ont eu lieu pour cette occasion.

À la première occasion, j'aurai inventé le cuisine-o-thon, un des nombreux jeux de mots pénibles que mes convives doivent subir dès qu'ils sont en ma présence. Enfin, ce fut une petite foire pour rassembler les amateurs de fourneaux pour y mijoter de nourrissantes recettes. Côté social, l'événement, haut en couleur, aura été fort agréable. Pour ce qui est de la nourriture, on repassera, mais j'aimerais tout de même apporter une mention spéciale pour les bruschettas de mon frère Simon et la salade au quinoa de Martine. Ma lasagne aura fait couler beaucoup de salive, surtout parce que, dit-on, il manquait de sauce (voir « Pas de lasagnes sans invectives », une parution à venir qui vous tiendra au courant des différents courants idéologiques concernant ce plat).

La seconde occasion fut le désormais traditionnel souper de fête que m'a préparé Françoise. Cette chère amie est, en plus d'être une ardente tricoteuse physicienne, est également une hôte exceptionnelle qui cultive pour la gastronomie un amour, une véritable passion. Je ne m'étendrai pas sur les multiples talents de cette dernière, vous n'avez qu'à consulter son blogue, The Knitting Physicist, rédigé dans la langue de Shakespeare.

Toutefois, je dois vous parler du grand banquet qu'elle a organisé pour ma fête : des plats végétariens et tout à fait épicuriens. L'entrée laissait présager le meilleur : une bonne salade avec une vinaigrette maison, qui avait la particularité d'être composée de cerises, le tout culmine au sommet avec deux petits morceaux de pain au fromage de chèvre. Par la suite, nous avons attaqué une soupe très, très douce (avec un bon verre de vin blanc alsacien) composée notamment d'huile de cumin, de lait de coco et de courge. L'huile de cumin ajoutait une touche de subtilité dans le bouquet, c'était tout à fait délicieux. Par la suite, elle m'a épaté : pour faire digérer le tout, le temps d'attaquer le plat principal, des tomates farcies au « sorbet » au basilic : c'était bon à en manquer de classe et tout simple à faire, m'assure mon hôte : « il suffit de faire un sirop à la consistance voulue, moi je le fais sans thermomètre, puis tu mets ton basilic en le faisant refroidir pour qu'il prenne», me dit-elle négligemment, en faisant cuire le repas principal. La gargantuesque assiette de pâtes au pesto, servit accompagnée avec des champignons et des lentilles suivent ce délicieux intermède. À priori, cela pourrait sembler ordinaire, mais les champignons sont un heureux mélange de pleurotes et de shiitakes sautés au beurre et revenus dans du Vermouth, les lentilles sont d'appellation contrôlée et le pesto, généreux, parfume parfaitement les pâtes. Une mention spéciale pour les champignons qui étaient vraiment à se rouler par terre. Puis, une longue discussion s'en suit, question de digérer l'énorme repas qui a passé devant nous, pour présenter une des spécialités de Françoise : les gâteaux. Ses gâteaux sont toujours délicieux et contiennent assez de matière grasse pour tenir à distance respectable tous les diététiciens du monde. Un gâteau aux abricots, aux pistaches et au fromage ricotta : chaque morceau fond dans la bouche. Elle me souffle quasiment à l'oreille : « Tu sais, il n'y a pas de lait dans ce gâteau, uniquement de la ricotta... et du beurre, beaucoup de beurre... et du sucre aussi, beaucoup de sucre ». J'ai finalement réussi à rouler jusqu'à chez moi, épuisé d'un si grand festin.

La troisième occasion gastronomique m'a été fournie par Angélique, toujours heureuse de me nourrir. Bien qu'elle ait dit que son repas soit « frugal », vous conviendrez avec moi qu'une salade qui contient des salades mélangées avec des feuilles d'épinard, des morceaux de poivrons, du cheddar vieilli 5 ans, des lentilles, des levures, etc. avec une vinaigrette tamari avec du sirop d'érable et de l'ail, le tout combiné avec des poivrons farcis avec plein de bons légumes et recouverts d'emmenthal et de brie et un végé-pâté fait avec beaucoup d'amour, il ne restait pas beaucoup de place pour le Merlot Rothschild et l'idée d'un dessert couvrait d'horreur nos bedons protubérants à la fin de ce festin.

Bref, une fête comme je les aime : bombance et ripaille, au diable les biens pensants et leur crème écrémée, leur lait sans matière grasse, leur insipide margarine, leurs soupes fades, leurs gâteaux insipides et leurs repas vapeurs. J'espère que l'année m'apportera encore quelques bonnes bouffes!

jeudi 7 mai 2009

Le jeune homme perdu dans la ville

Certains me diront distrait, étourdi, bohème même, mais le jour d’un bal, je ne savais ni à quoi ressemblerait mon costume, ni même où était ce fichu bal. Je me suis levé, tard, mais lorsque j’ai passé ma main dans mes cheveux, au lieu mon air hirsute, j’ai trouvé une série de petits poils bien dressés : j’avais poussé le luxe de l’entretien jusqu’à me tondre la tignasse. J’ai poussé cette minutie en rasant ma barbichette et j’ai même été jusqu’à me limer les ongles, une hérésie rare dans mon cas!

J’ai enfilé un costume après m’être douché. Cravate de soie, chemise blanche, costard coloré, épingle à cravate, rien n’a été négligé : pour un homme de ma trempe, on ne fait pas deux fois une impression en complet ! Je me dirige donc vers un lieu de beuverie, histoire de retrouver mes camarades avant le bal en question. Je m’inquiète de leur absence et je m’inquiète bien davantage lorsqu’en apostrophant une serveuse, je me rends compte qu’il n’y a pas de réservation! Où suis-je ? Où, plus judicieusement, où est mon bal ? Je dois absolument trouver un café Internet, je ne suis même pas certain du nom de la place.

Le réflexe habituel est de ressasser ses souvenirs pour trouver un ordinateur muni d’un accès Internet pour retrouver ces informations cruciales : je me dis que l’Escalier Bleu dispose du matériel dont j’ai besoin. Pour ceux qui ignoreraient ce qu’est cet endroit, il s’agit d’un café/bar grano-hippie. Tous, clients comme serveurs, sont attriqués avec des vêtements d’une autre époque et je pousserais même ma description en disant que certains habitent probablement des communes. J’ai souvent eu l’air d’un extra-terrestre dans ma vie, mais c’est probablement la fois où cela jurait le plus avec le décor, d’autant plus que je n’aime pas particulièrement la prétention des habits. Je trouve donc le lieu de mon bal et j’y marche à un bon rythme.

Tout le monde semble s’être mis sur son 36 : nous sommes quatre gars, pour au moins 60 filles. Elles sont toutes magnifiques dans leurs robes de soirée : même mes compères masculins ont troqué leurs jeans et leurs vieux gaminets pour des habits respectables. Becs gentils, compliments, bonnes manières, humour, attitude détendue, interminables flashs, la soirée se ponctue de bonnes manières mêlées à beaucoup de reconnaissance. C’est assez ironique, car c’est à cette occasion que j’ai appris à connaître des filles qui auront étudié trois ans avec moi, sans que l’on se parle autrement que pour se saluer.

La musique était moche, mais l’important, c’était plus la présence de tout ce beau monde, pour plusieurs, cela aura été la dernière fois. Je n’en suis pas nécessairement triste, on garde contact avec les personnes qu’on aime, mais je dois ajouter à cette réflexion qu’on perd l’occasion de découvrir celles que l’on n’a pas pris le temps de connaître. Je vais m’ennuyer de deux choses : l’énergie qui compose cette masse grouillante d’individus et leur amour inconditionnel pour leur travail et pour les leurs. Lorsque le moment de la séparation est venu, je ne suis pas de ceux qui ont pleuré, ni même qui vivaient de l’amertume à l’idée de ce départ forcé. Stoïcisme ou manque d’ouverture, le temps me le dira. C’est un au revoir difficile à porter au sens où je ne sais pas exactement comment se composera ma vie l’année prochaine, sans l’apport quotidien de plaisir de mes collègues de classe. Néanmoins, je reste serein à cette idée. J’aimerais profiter de cette occasion pour laisser un mot à mes collègues que je ne reverrai probablement pas : malgré ma distance avec vous, je vous ai toutes appréciées pour ce que vous êtes, pour votre passion, votre énergie et votre dévouement. Je regrette de ne pas avoir eu plus de temps pour faire plus amplement votre connaissance, mais je profite de l’occasion pour vous souhaiter une excellente carrière, beaucoup de bonheur dans vos vies respectives. Gardez toujours la flamme, ne baissez jamais les bras, vous êtes toutes fortes!

Enfin, pour les personnes qui ont une place toute spéciale dans mon cœur, que je reverrai selon toutes probabilités, je tiens tout d’abord à vous remercier pour votre support, votre écoute et votre disponibilité. Vous avez été des atouts dans ma vie, je ne saurais à quel point insister sur ce dernier détail. Je ne suis pas inquiet pour vos carrières, vous saurez vous démarquer, parce que j’ai pu vous identifier. J’éprouve un grand sentiment de reconnaissance à votre égard et j’espère avoir la chance de vous côtoyer encore longtemps. Ces personnes sauront se reconnaître. Comme nous sommes tous un peu angoissés par les aléas de la vie, j’aimerais simplement partager cette réflexion que j’ai dû avoir et que je continue de garder en tête pendant la période extrêmement difficile que je traverse : « battez-vous, ne baissez jamais la garde, encaissez s’il le faut, mais le jour où vous ne vous battrez plus, vous serez morts ».

lundi 13 avril 2009

Le reste des plats

À l'heure actuelle, le camarade Tchekhov est probablement en train de se mordre les doigts jusqu’au sang puisque je n’ai pas publié les autres critiques de ses plats : je tiens à l’encourager en continuant mes critiques qui n’ont pas été dévoilées au grand jour.

Mercredi : les nouilles aux cinq trésors

D’après Tchekhov, les Chinois ont un proverbe que je n’ai pas pu retrouver : « Si ce n’est pas huileux, ce n’est pas délicieux » ou quelque chose du genre. Il me l’avait servi lorsque j’avais tenté de lui faire des nouilles sautées. Rien n’est mieux en cuisine que de récupérer une phrase empruntée à mon camarade pour l’y en faire l’éloge : il a si judicieusement su m’expliquer ce qu’il voulait dire par là ; ses nouilles étaient épaisses et huileuses à souhait. Le contraste sucré salé s’harmonisait bien, il pouvait vouloir symboliser le Ying yang et la présentation du met était agréable et bien harmonisée. Les morceaux de carottes étaient juste assez croustillants pour en dégager un maximum de saveur.

Quelques petits défauts viendront compléter cette critique : un manque de morceaux de saucisses chinoises : ils étaient chiches, petits et ils ressemblaient à du lard et je n’ai jamais su ce que goûtait une saucisse chinoise à la fin de ce plat. De même, le camarade aurait pu avoir la main plus généreuse pour les champignons et un peu plus de considération pour la cuisson des noix d’acajou, qui n’étaient pas assez gouteuses. Côté présentation, je crois que quelques feuilles de verdure, comme de la coriandre, auraient mis le plat en valeur.

Vendredi : Sambar

Je vais limiter les dégâts, je ne causerai pas trop du sambar du camarade, qui doit revoir les saveurs de la cuisine indienne. Un plat fade, impersonnel, qui souffre d’insuffisance capsaïcinoïdique et dont la saveur prédominante est celle des patates.

Dimanche : riz parfumé

J’hésite avant de dire ce qui est arrivé au riz du camarade : d’une part parce que j’ai essayé toute la semaine de le marier et d’en harmoniser les saveurs avec plusieurs plats, sans que sa fragrance ne soit masquée par les autres éléments du repas. En tant que tel, le riz n’était pas mauvais, si ce n’est du riz lui-même : un bon grain basmati a une texture plus ferme et moins décomposée. Pour ce qui est des graines de cardamome, j’aurais préféré qu’elles soient mieux intégrées au plat ; je n’ai d’ailleurs pas hésité une seconde avant d’en hacher l’intérieur pour rehausser la saveur du riz. Une dernière chose à souligner : Tchekhov s’est munie, je crois, de cannelle casse à la place de celle du cannelier du Ceylan, puisque le bâton était énorme et trop sucré. La « vraie » cannelle se trouve en petit bâton et elle donne un goût plus riche.

J’ai trouvé à quoi le riz pouvait servir en recevant à souper avec des rouleaux du printemps : lorsqu’ils se mangent froids, la saveur du riz est mieux balancée. De plus, le riz permet une jolie décoration et il se fait plus apprécier parce qu’il complète les rouleaux. En prime, il a permis de ne pas faire coller les rouleaux ensemble et son teint jaunâtre a donné un petit charme exotique à la présentation.

mercredi 8 avril 2009

Mardi : le Tom Khaa Kai

(poulet à la noix de coco)

Mardi soir, après avoir passé une journée très relaxante, je me suis permis de goûter le Tom Khaa Kai de maître Tchekhov. Le poulet à la noix de coco est pour moi un régal pour les papilles gustatives : un de mes plats favoris. J’avais donc un biais favorable au plat du chef, et ce biais a eu l’effet pervers de me rendre plus sévère, expérience oblige. La première chose à dire, c’est que le plat fondait dans la bouche. Les champignons shiitakes, les bébés si j’en crois les images vues sur le net, étaient délicieux : fermes en chair, onctueux, un délice pour la bouche. Les petites tomates donnaient un bon goût au plat et l’utilisation des feuilles de citronnier, le lait de coco était bien incorporé : il s’agit d’un copieux délice. Par contre, le chef aurait eu avantage à utiliser des proportions plus judicieuses (portion de poulet par rapport aux champignons qui étaient en trop grand nombre) et à éviter de laisser un gros morceau de galanga qui peut ne pas être évident à déceler. Quant au poulet, il était juste un peu trop coriace. Le poivre Sichuan, bien qu’il fût beaucoup plus goûteux froid, aurait été apprécié en plus grande quantité.

Un conseil pour le chef : les tomates auraient pu être coupées en quartiers pour permettre à leur saveur de bien se mélanger au plat. Autre élément : serait-il possible de changer de couteau : le dentelé donne une finition médiocre aux aliments coupés (on le voit sur les champignons) et les feuilles de coriandre, grossièrement hachées, sont abimées de lignes brunes, qui marquent la pression d’un outil qui n’a pas réussi à les scinder. Bref, ce n’est pas tant le plat où l’on peut rapporter des imperfections que sa finition qui demeure à travailler. Cela dit, c’était tout de même excellent et bien apprécié.

mardi 7 avril 2009

Les cinq trésors du camarade Tchekhov

La sonnerie du téléphone, plus que tout autre réveil-matin, termine mal une agréable nuit de sommeil parsemée de rêveries. Fort heureusement, on peut toujours compter sur le camarade Tchekhov pour faire mentir le fait énoncé ci-haut. Sans faire ni une, ni deux, le camarade m’explique qu’il est pris d’une surdose d’énergie et qu’il a employé cette dernière à préparer de nombreux plats, qu’il entend me faire goûter. La perspective de ne pas avoir à cuisiner ni à faire l’épicerie pendant une semaine et de se faire gâter par un ami qui a probablement canalisé dans ses plats toute son énergie m’est apparue comme un grand cadeau fort agréable, dans des moments qui le sont moins. Le tout, livré le soir même.

Crésus lui-même aurait été jaloux : pâtes aux cinq trésors, poulet à la noix de coco (tom khaa kai), plat indien (sambar), tofu ma-po, riz parfumé, rien ne semble à même d’arrêter ses arômes dans mon palais. En contrepartie, le camarade m’a demandé de lui exposer ma critique culinaire, que je propose à votre lecture.

Lundi : Tofu ma-po

Le dernier tofu ma-po que j’ai mangé de Tchekhov, avait plus de bœuf que tofu, ce qui l’a un peu tué. Par contre, il était épicé à souhait. La particularité du tofu ma-po, qui est simplement épicé à souhait pour le commun des mortels, c’est la différence entre les épices brûlantes et les épices qui engourdissent. Avec le tofu, le but est de créer un contraste agréable dans le contraste doux/piquant. Le tofu ma-po de Tchekhov s’est avéré délicieux pour le palais, avec une proportion beaucoup plus juste de bœuf haché par rapport au tofu. La sauce était bien épaisse et elle a donné de la saveur au tofu. Le mélange était épicé, brulant, sans être désagréable. Deux choses que mon palais a remarqué : un manque de poivre Sichuan, dont le goût si caractéristique se serait marié à merveille avec la tempête de saveur et la présence de poireaux chinois, qui auraient également eu leurs places. Je me permets également la remarque qu’un authentique tofu ma-po aurait été légèrement plus épicé. Toutefois, loin d’être déçu du résultat, j’ai beaucoup apprécié ce plat et j’ai bien hâte de voir si le camarade saura le rendre encore plus délicieux.

lundi 16 février 2009

Chronique de St-Valentin

Chers lecteurs, je suis désolé de ne pas vous écrire plus souvent, le temps me manque et la vie continue. Comme il est ordinairement de mise que j’écrire une chronique concernant la St-Valentin, je me donne ce prétexte pour vous communiquer mes dernières avancées par rapport à cette fête que je n’ai pas célébrée telle que le veut la tradition.

Le jeudi soir, je pensais à mes victimes : à qui devrais-je tenter d’illuminer la journée demain. Mon plan s’est dressé sur quelques personnes : après tout, mieux vaut couvrir ses arrières. Le lendemain, devant mon ordinateur de bureau, je faisais imprimer quelques cœurs dans lesquels je griffonnais nerveusement de petits mots affectueux. Le stress s’est emparé de moi et j’ai couru pour tenter de ne pas être pris en flagrant délit.

Mes cibles ? Les exécutantes (et J-P) qui sont à mon association étudiante. Pour une des rares fois, je crois qu’il y a plus de célibataires que de personnes en couple dans l’association étudiante, mais cela n’allait pas influencer mon geste, chacune (et J-P) a eu un cœur, qui avait comme point commun de remercier la personne pour une de ses qualités. Pour les convaincre du bien-fondé de cette intervention, j’ai également acheté des tablettes de chocolat que j’ai distribuées durant notre réunion. J’ai l’impression qu’une petite attention peut parfois faire du bien, spécialement à ceux qui éprouvent du plaisir à donner.

vendredi 2 janvier 2009

Entrevue de la nouvelle année

Pour faire suite à notre entrevue l’année passée avec M. Gorbatchev, nous interrogerons aujourd’hui Fidel Castro, pour lui demander ce qu’il pense des réformes amorcées par son frère Raoul, qui a été désigné constitutionnellement comme le successeur du Leader Maximo. Je me suis permis de vous traduire l’entretien que j’ai eu avec lui, car M. Castro ne parle que la langue de Gabriel Garcia Marques et celle de Shakespeare.

L.-V. : Fidel Castro, merci d’avoir accepté mon entrevue. J’aimerais vous demander, à titre personnel, comme se porte votre santé ?

F.C. : Ma santé personnelle s’améliore de jour en jour et je crois même pouvoir être assez en forme pour demander à Gramna de venir faire un article sur mon bilan de santé. Le tout, c’est de manger des fruits de mer. Par contre, je m’inquiète de la santé de mon État : je me questionne souvent à savoir si Raul n’a pas corrompu son âme au démon du capitalisme : je ne vois pas l’utilité de permettre aux Cubains d’avoir la tentation d’acheter des ordinateurs personnels et des téléphones cellulaires alors qu’ils sont déjà assez pauvres ainsi.

L.-V. : Monsieur Castro, je pense que vous devriez rester assis, votre pression artérielle… mais parlons plutôt des élections américaines : que pensez-vous de l’élection de Barack Obama aux États-Unis ?

F.C. : Monsieur Obama ne pourra pas changer à lui seul la mentalité américaine : son élection n’est qu’une tempête dans un verre d’eau. Il a sur les épaules de bien lourdes responsabilités et celle de redresser son économie semble être une de ses plus importantes tâches à venir. Il stipule par ailleurs vouloir diminuer l’embargo sur mon île et se retirer de Guantanamo, qui appartient de facto à mon peuple. Pour ce qui est des relations entre nos deux pays, il s’agit bien certainement d’un nouveau départ, mais je m’occuperai de comptabiliser les gestes et non les paroles.

L.-V. : Votre ligne de pensée n’est-elle pas similaire avec les attentes d’un certain peuple lorsqu’un « libérateur » s’est confortablement installé au pouvoir en 1959 ?

F.C. : Vous ne manquez pas de culot. Batista a fait vivre la misère à mon peuple et j’ai tenté de l’aider (mon peuple) à se relever d’une terrible castration économique dont la mainmise était entièrement américaine. Mon bilan de mon système de santé, de mon système d’éducation et l’espérance de vie de mon peuple est d’ailleurs meilleur que celui des États-Unis. Si ce n’était de l’embargo, nous aurions également une meilleure qualité de vie. D’ailleurs, nos plages sont fantastiques, vous devriez venir faire un tour.

L.-V. : Merci, j’ai déjà une abondante collection de colliers que vos habitants, on dirait, ont une fâcheuse tendance à réaliser pour de l’argent. Qui pourrait blâmer une quadragénaire qui tente de joindre les deux bouts lorsque son mari est prisonnier politique, sa fille en camp de rééducation parce qu’elle a fait l’amour à un étranger et ses deux fils sont morts en tentant de traverser en Floride. Que devrions-nous penser de vos liens avec le régime d’Hugo Chavez au Venezuela, qui vous fournit du pétrole bon marché ?

F.C. : Vous êtes un peu sensationnaliste dans vos affirmations : les écoles de rééducation et les prisons ne sont faites que pour ceux qui devraient y être.

L.-V. : Dont ladite vendeuse de colliers si j’avais l’idée de m’en plaindre à la police ?

F.C. : Elle ne doit pas se pervertir aux démons du capitalisme. Pour ce qui est de votre question concernant nos relations avec mon ami Chavez, je vous dirais que nous avons en commun les intérêts de nos peuples et que notre amitié, au-delà de son statut idéologique, est sincère comme le montrent notre entraide et notre coopération.

L.-V. : En terminant, j’aimerais savoir si vous avez un message à livrer à l’ensemble des citoyens de la Terre.

F.C. : Certainement, et j’adresserais ce message tout spécialement aux enfants du monde entier, en ces temps difficiles, trouver le réconfort dans vos proches, n’achetez que ce qui est essentiel, le vrai réconfort, c’est celui qu’on se donne l’un l’autre et ça, personne ne peut l’acheter.

L.-V.. Merci, Fidel Castro, de nous avoir accordé cette entrevue.

F.C. : Hasta la victoria siempre! El pueblo unido jamás será vencido!