mardi 27 mars 2012

Martinir un texte

Je sais très bien que martinir n’est pas encore un verbe dans la langue française, mais mon néologisme se veut une manière de traiter de Richard Martineau, qui, selon moi, est un mal nécessaire pour la société québécoise. J’ai choisi de lui donner un verbe du 2e groupe, parce que je considère qu’il est assez irrégulier comme type. J’ai découvert ce journaliste dans la chronique « Onde de choc » du journal « Voir » et j’admets avoir été séduit par son insolence et ses propos politiquement incorrects. C’était un plaisir de le lire, un peu comme si Pierre Falardeau faisait un procès d’intention à André Pratte, les sacres en moins.

Or, depuis déjà quelques années, Martineau a vendu son âme à Quebecor, dans l’idée, j’imagine, d’avoir un plus grand lectorat. Cet apôtre du néolibéralisme crasseux propre au pacha fasciste Pierre-Karl Péladeau se donne des airs populistes derrière des chroniques abrutissantes lorsqu’il est question d’économie. Bien sûr, il est, selon lui, l’ardent défenseur de la veuve et de l’orphelin, l’homme à la logique implacable : plus autosuffisant tu lis des publireportages d’André Pratte. Par contre, quand vient le temps de trainer dans la boue Pauline Marois, Rima Elrouki, les grévistes qui bafouent les lois ou d’autres clowns du genre, là on s’amuse ferme en le lisant.

Moi, mon petit moi, je l’admire parce qu’il est à la fois Québécois et capable de prendre parti pour une cause. Je ne suis pas d’accord avec lui la plupart du temps, mais quand certains groupes de la diaspora d’opinions officielles des Québécois et Québécoises [sic] m’emmerdent plus souvent qu’à leur tour, il faut une plume acérée pour crever les ego surfaits. La rigidité intellectuelle m’effraye parce que j’ai l’impression que nous n’entendons souvent que les mêmes chantres nous raconter leurs fables bonnes à dormir debout. Collectivement, quand il dit que les artistes n’ont qu’une seule et même opinion, je ne peux qu’être d’accord avec lui.

Cependant, le mot impartial ne fait pas parti de son vocabulaire : il pourrait très bien livrer son patron pieds et mains lié en pâture aux lecteurs, mais il s’en empêche. Richard Martineau n’est donc pas libre de tremper sa plume dans le vitriol quand vient le temps de mordre la main qui le nourrit. Pourtant, si quelqu’un devait informer les citoyens qu’on dilapide les fonds publics en finançant l’amphithéâtre de Québec, ça devrait être lui, mais non, l’obséquiosité est dominante : sa critique est tellement faible qu’elle fait passer Benoit Lefebvre pour un journaliste d’opinion.

Bref, je crois que la polémique qu’engendrent ses textes permet de brasser des idées préconçues, de simplement débattre un peu dans une société frigide à l’idée de briser le précieux statuquo. Le martinissage est donc essentiel pour préserver une société vigilante devant les choix qui s’offrent à elle… à condition d’avoir avec soi son petit livre d’auto-défense intellectuelle!

jeudi 22 mars 2012

Nostalgie de la simplicité

Aujourd'hui, je désire vous partager, chers lecteurs, une constatation toute simple et d'ailleurs bien simpliste : tout va en se complexifiant! Je repensais à une phrase qu'un ami me disais à maintes reprises, lui qui est maintenant propriétaire, marié et qui connait du succès dans sa carrière : "J'aimerais être encore un enfant, la vie était tellement plus simple". À force de penser à cette phrase, je me disais que c'était une vision bien naïve de la vie, que l'enfance nous rend également fortement dépendant de nos parents et d'une vision du monde qui est la leur. De plus, entre eux, les enfants sont parfois singulièrement cruels!

Récemment, dans le cadre de mes fonctions, j'apprenais les rudiments de la constructions avec des blocs Lego à des jeunes et leurs yeux semblaient tout à fait émerveillés. Je regardais nos interactions et ils semblaient si enclin à la nouveauté, à la découverte. Je sais pertinemment qu'ils m'auront oublié d'ici une semaine (quoi que ce ne soit pas absolument certain, car en revenant à cette école, un des jeunes que je supervisais me disait à la récréation : "tu t'appelles Louis-Vincent toi?"), mais n'est-ce pas un peu ça que mon ami me disait, dans ses mots : la vie est simple quand on la vit au jour le jour.

Je me revoyais, enfant, sans argent à gérer, sans ménage, sans voiture, à m'occuper d'une chose : vivre mon enfance! Ayant été d'une grande timidité, il est vrai que cette période de ma vie n'était pas la plus facile pour moi. Déjà, je voulais me mêler de politique (et j'ai prononcé mon tout premier discours à 5 ans, devant la ministre de l'environnement de l'époque, madame Lise Bacon), changer le monde parce que la guerre en Irak me glaçait le sang et j'avais intérieurement une profonde aversion envers moi-même parce que mes comparses, dans la rue, parlaient l'anglais, une langue que je ne connaissais pas et que j'ai tenté, par tous les moyens, de ne jamais apprendre.

L'enfance est une période très importante du développement, je me demande si nous n'avons pas tendance, parfois, à l'idéaliser. Peut-être est-ce que j'en tiens des souvenirs moins joyeux que d'autres, mais ce n'est pas nécessairement cette période que je choisirais de revivre si j'en avais la possibilité.