mardi 22 mai 2007

23 ans, prise 2

Ceux d'entre vous qui auront lu mon premier article aujourd'hui s'étonneront probablement de voir le second le suivre de quelques heures seulement, mon écriture étant pour le moins peu prolifique dans des plages horaires aussi brèves. Je dois absolument vous faire part de l'excellent repas qui m'a été généreusement offert par mes parents: une idée époustouflante venue de ma mère. En fait, j'ai soupé au Pen Castel, petit restaurant sympathique de cuisine française gastronomique, dans un souper thématique de dégustation de vins blancs du Château de la Ragotière.

À mon arrivée, j'ai rapidement jeté un oeil sur le menu pour y voir que le menu comportait quatre services. À la table jouxtant la mienne, on retrouvait un des frères Couillaud, propriétaire du domaine mentionné ci-haut. Ce dernier nous expliquerait tous les vins que nous aurions la chance de déguster. Gérard, notre maître-queue, nous souhaite le bonsoir.

Je pourrais évidemment vous entretenir avec véhémence de tous les aspects formidables du dit repas, mais j'ai peur que la description étouffe mon texte, alors je me concentrerai sur ce qui est essentiel à savoir pour le gastronome et l'oenologue en vous.

Le premier service était constitué de pétoncles et de pleurotes fumées avec des morceaux de lardons. Les pétoncles avaient été rapidement saisis, ce qui leur conféraient une saveur hors du commun. Les pleurotes, quant à elles, étaient servies dans une sauce brune avec du vinaigre balsamique et de la soya soya préalablement sucrée. Les corps délicats de la pleurotes s'harmonisaient parfaitement avec cette sauce relevée. Le premier vin était un Chardonney du Jardin des Pays de la France de 2004. Clair comme l'or pâle, ce vin à la tendance fruité dégage un arôme de beurre, comme tous les Chardonney d'ailleurs. Le vin est moyen en bouge, 5 ou 6 caudalies, avec des relents minéraux en rétro-olfaction, très frais, léger et très souple en bouche.

Le second service fut la quenelle de brochet avec la sauce au homard. Le brochet était donc servi en rouleau, nappé d'une sauce onctueuse garnie d'un bouquet d'épinard. L'arôme subtil du brochet était relevé par la sauce au homard pleine de coffre. Quant aux épinards, leur goût râpeux s'harmonisait avec le Muscadet Sèvre et Maine sur lie 2004. La teinte de ce vin semblait moins foncée que le Chardonney, moins opaque. Dans l'aspect olfactif, des teintes d'herbes et un arôme fruité de pomme et d'ananas. Le vin est très sec, mais il devient plus léger avec le poisson et il est particulièrement court en bouge, avec 4-5 caudalies.

Le troisième service, la pastilla de lapin au lard avec ses petits oignons blancs et la terrine des abats, formait le plat de résistance. Le tout arrosé bien sûr d'un bon Chardet 2005, mélange de 50% de Chardonney et de 50% de Muscadet (bon, les puristes des appellations contrôlées me diront qu'on ne peut pas parler de Muscadet si le vin est composé, alors je vous fourni le terme exact: le melon de Bourgogne). Visuellement, le vin est or pâle, sensiblement plus que le premier, un mixte des deux premiers. Un bouquet d'ananas plus prononcé, avec des herbes et du beurre forme l'aspect olfactif. Le lapin est servi dans un genre de feuilleté qui rappelle un peu la tourtière par l'arôme qui s'en dégage. La pastilla est servie avec une sauce chasseur. Le vin fait un grand contraste avec le lapin: les sucres du vin sont plus sentis, mais l'effet avec la terrine est moins réussi. Le vin est complexe, il a plusieurs phases: pomme, poire, ananas. Je dirais qu'il durait entre 5 et 6 caudalies.

Enfin, en quatrième service, nos papilles pouvaient se délecter d'un cake au chocolat avec sa glace aux vendanges tardives. Il est donc inutile de passé sous silence le vin licoreux qui accompagnait le dessert: l'Ambre Chardonnay (90%) et Muscadet (10%) vendanges tardives 2003: un millésime. La production totale de 2003 est de 85 litres... les clients de ce soir pourront donc prétendre avoir pu goûter à un vin unique, puisque non-commercialisé, parce qu'il est trop dispendieux à produire (en partie parce que tous les raisons doivent être cueillis à la main). D'une teinte or ambrée tirant un peu vers le bronze, l'aspect olfactif recelait des essences de caramel, de fruits, de miel et un fort relent d'alcool. Long en bouche (8-9 caudalies), très sucré, chaud et mielleux, il se buvait tout seul, mais avec le gâteau au chocolat et la crème glacée, le délice du palet s'avérait complet. C'était vraiment un petit bijou que ce vin botrytisé.

J'ai pu apprécier un excellent souper, une très belle surprise, avec mes chers parents à l'occasion de mon 23e printemps... d'autant plus que je suis né entre un lundi et un mardi... comme ma fête cette année. Il est comme cela des surprises auxquelles on ne s'attend pas... mais celle-ci est définitivement l'une des meilleures à vie dont j'ai eu l'occasion de profiter. Je pense que si je ne mangeais pas, j'en mourrais!

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