mardi 20 mai 2008

Le festin de Françoise

Chaque année, il est coutume pour Françoise et pour moi de nous dépasser mutuellement pour offrir à l'autre un souper gastronomique haut en couleur. Outre l'irrémédiable besoin d'épater la galerie, ces événements génèrent aussi chez nous un plaisir sain qui est de bien mangé en agréable compagnie. Françoise m'avait promis un souper à la thématique japonaise : je dois vous dire que je n'ai pas été déçu.


J'arrive chez mon hôte et, comme à l'habitude, je suis accueilli avec un grand enthousiasme pour notre rencontre obligatoire bisannuelle. Deux Pi, le conjoint de fait de cette dernière, me fait la conversation en mangeant des edamames, des fèves de soja bouillies qui se mangent comme des arachides (la comparaison est intéressante parce qu'elles viennent de la même famille). Bientôt, une montagne de peaux s'agglutine sur la table tant on ne peut plus s'arrêter d'en manger.


Françoise nous rejoint pour après la mise en bouche pour attaquer l'entrée : des crevettes tempuras directement importées du Japon via l'épicerie japonaise par excellence : Miyamoto. Elle me sert deux généreuses crevettes sur un lit de salade et je profite de cet instant magique pour entamer mon premier verre de saké avec mes convives. Nous respectons la tradition japonaise qui veut que l'hôte ne remplisse que le verre de son invité et vice-versa. C'est un moyen de montrer que nous sommes très attentifs aux besoins des autres (vivent les déformations professionnelles de la relation d'aide). Nous avons d'ailleurs trouvé intéressant de faire des blagues sur les techniques d'animation de classe en physique : « Dans une pièce de théâtre, ceux qui jouent les électrons ont une masse négligeable ».


Par la suite, une petite soupe de miso que Françoise a très bien réussie. Je n'ai jamais tenté d'en faire une, mais pour en avoir goûté plusieurs, je sais d'emblée que ça se manque aisément. Elle qui était toute fière de me faire manger du tofu! Enfin, le plat de résistance ne s'est pas trop fait attendre : des sushis, neuf différentes assiettes : nigri, maki, inari (dans du tofu frit). Les ingrédients entrant dans la composition donnaient un bon éventail de la grande culture nippone élargie par l'audace de mon hôte : crevettes tempura, avocat, mangue, poivron, humus, coconut indonésien croustillant, verdures, etc. L'abondance était au rendez-vous.


Le dessert était évidemment le plat qui était le plus attendu de ma part. Françoise est une artiste des desserts, une zélote du dépassement de soi et certainement une hédoniste finie (pour ce qui est de la quantité de gras et de sucre... mmm, du sucre et du gras), la crème de marrons fondant avec des décorations de massepain. Elle m'a également un livre rouge des citations de René Lévesque que j'ai trouvé de bon goût de citer tout au long de la soirée.


C'était une autre soirée merveilleuse où j'ai pensé rouler jusqu'à la porte de sortie. J'ai vraiment passé une soirée extraordinaire à parler de culture japonaise, de culture germanique et à retrouver ma bonne vieille amie après tant de mois... c'est toujours un plaisir renouvellé. L'adresse de son blogue, « The Knitting Phycisist » est disponible dans ma liste de liens. Des photos de l'événement sont disponibles et la recette du gâteau chéri y est également inscrit, pour ceux qui peuvent livre la langue de Shakespeare.

Savourons la nouvelle année

Il y a bien longtemps que je néglige mes lecteurs, que je suppose déçus par tant de silence. Il m'est quand même difficile de passer sous silence les festins gargantuesques qui m'ont été offerts à l'occasion de mon 24e anniversaire de naissance (qui, soit dit en passant, n'est que dans deux jours). Mes parents m'ont proposé cette année de récidiver avec un souper gastronomique de découverte des vins assortis aux plats.


Au Pen Castel, le repas cinq services était agrémenté de vins du château La Villatade, du Languedoc Roussillon. Après la typique présentation de Gérard, notre maître-queux, nous avons eu l'introduction du représentant en importations privées qui nous a présenté le vignoble Denis Morin, qui nous a spécifié que son but était de laisser s'exprimer le fruit avant tout (par exemple, un cépage, dépendamment de la température, n'a pas toujours le même goût, un vin régulier comme le Brouilly corrige cela en ajustant le pourcentage des cépages utilisés) et qu'il n'utilisait rien qui puisse compromettre la saveur de ce dernier, comme les pesticides et compagnie.


Notre premier service était constitué d'un gratin d'aubergines à la Bitteroise accompagné d'un Château La Villatade rosé 2006 d'un rose cristallin. L'aspect olfactif permet de retrouver des aspects fruités comme la pomme, l'ananas, le pamplemousse et le melon brodé. C'est un vin assez long en bouche pour un rosé, 9 codalies. Cependant, j'ai trouvé l'attaque trop vive et le manque de souplesse d'un vin trop jeune et pas encore assez mature à mon goût. Bien que mes parents ont fait un cas du fait que je n'ai pas apprécié le premier verre, je pense que la complaisance est un vice et non une vertu.


Le second service, un médaillon de lotte aux arômes du vin de Sophie était accompagné du vin du même nom (2007). La bouteille avait un dessin humoristique qui représente la femme du vignoble (également propriétaire). Ce dernier nous expliquait qu'avant, il était directeur de banque. De couleur rubis, on remarque rapidement les arômes de petits fruits : cassis, fraise, cerise et même une petite saveur de vanille, laquelle j'ai demandé à monsieur Morin si c'était parce que le produit était contenu dans des barriques de chêne... là, j'ai eu l'air fou, il n'a pas été mis dans des tonneaux de chêne (en plus, c'est un vin jeune, à peine 5 codalies), mais au moins, le propriétaire m'a dit qu'il trouvait aussi que le goût vanillé était présent. L'assemblage 50 % Merlot, 25 % Carignan et 25 % Alicante est légèrement acide et donne un goût agréable de cerise en rétro-olfaction. C'est ce qu'on appelle un vin de soif, bon pour la terrasse.


Le troisième service, le ravioli de ris de veau à la sauce cassis, s'accompagnait du Château La Villetade 2003, le seul vin disponible à la SAQ au prix dérisoire de 15,80 $ la bouteille. Définitivement, le ravioli, tendre à souhait, s'amalgamait à merveille avec ce vin opaque aux relents ocre. L'odeur boisée, de café et de fruit rouge laissait découvrir un vin riche en saveur qui se développe longtemps en bouche (16 codalies) et il se développe en premier lieu avec un bouquet peuplé de bleuets, de pomme, de grenade et au deuxième niveau, l'alcool donneur une chaleur intense en bouche, qui fait durer le plaisir. Décidément, il était bien bon : « j'en boirai, de cinq à six bouteilles, une femme, sur mes genoux ».


Le quatrième service est le plat de résistance : rôtissons de bison aux petits oignons glacés (soit dit en passant, je hais les oignons, mais c'était même bon). Ceux qui connaissent les venaisons savent qu'il faut un vin très robuste pour que la saveur ne soit pas étouffée par la viande. Le Rituel 2004 offre une robe opaque et sent la confiture de framboise, la compote de pommes, l'humus et le poivron. Gustativement, il se déploie en trois phases sur 16 codalies : la première est fruitée (notamment le pruneau), la seconde acidulée et la troisième est tannique. La rétro-olfaction fait naître l'odeur du toffee, de la torréfaction et du tabac.

Nous avons terminé le tout avec une mousse à la réglisse et oreillette de Montpelier, qui fondait littéralement dans la bouche. Je suis revenu chez moi heureux et rond comme une bille, dans un premier temps parce que l'apport nutritif du souper dépasse largement celui d'une journée complète et d'autre part parce que les vins étaient bons et que je me suis laissé affecter par leur degré toujours plus élevé.

jeudi 8 mai 2008

Une journée presque parfaite

Aujourd'hui, je suis retourné au Cégep de Bois-de-Boulogne pour faire honneur au café étudiant qui avait 4 ans. Vous savez, chers lecteurs, que les hommes ne peuvent pas accoucher, ce privilège de donner la vie est réservé aux femmes. Mais nous les hommes, grands rationalistes que nous sommes, nous pouvons bâtir les pierres angulaires de la civilisation de demain et moi, j'ai réalisé cela à l'âge de 19 ans, en ouvrant le Café-Inné qui reposait sur trois concepts : bio, écolo, équitable. Nous étions ceux de la vieille garde, des idéalistes finis, sur la ligne dure (nous n'avions rien à envier à Staline).


Aujourd'hui, j'arrive avec ma voix enrouée, revêtu d'un chandail à connotation écologiste. La première chose d'importance que j'ai faite dans ma journée, c'est de regarder un adolescent jeter un contenant à l'extérieur de l'autobus. Descendant à cet arrêt, je ramasse le contenant et je lui dis, à travers la fenêtre ouverte : « Hey le jeune, ramasse-toi » en lui envoyant le contenant à l'intérieur. Ce dernier était encore plein de sloche et par mégarde, cette dernière a coulé sur ses pantalons et sur son chandail. J'étais heureux comme un gamin. Je riais dans ma barbe de trois jours. Je n'ai pas réfléchi à mon geste, c'était peut-être la première fois depuis des années que je n'avais pas fait quelque chose d'aussi irréfléchi, comme c'est libérateur.


Pour ce qui est des choses plus sérieuses, je suis allé voir les nouveaux du Café-Inné et je me suis présenté en tant que papa de ce dernier. Puis, avec le coordonnateur d'il y a deux ans et le gestionnaire d'aujourd'hui, nous avons fait le tour du café, nous sommes allés dans le local (pendant que j'étais dans le local du Café-Inné, quelle ne fut pas ma surprise d'entendre le gérant me dire que j'avais un appel : mon ami Louis-David m'offrait un billet de théâtre ce soir pour voir la pièce Equuis), nous avons écouté un concert de musique gitane avant de retourner voir mes vieux professeurs.. J'ai même interrompu le directeur général du cégep en pleine réunion pour le saluer (à la surprise de sa secrétaire qui semblait trouver qu'un tel affront était carrément arrogant) et il a trouvé le temps de me dire que j'avais fière allure (et que j'avais l'air de m'entrainer).


Par après, je suis allé m'entrainer et encore une fois, une fille m'a dit qu'elle voyait les résultats de mon entrainement. Une fois de plus et je ne toucherai plus jamais à terre. Pour finir, je me suis rendu au théâtre Duceppe pour voir la pièce de théâtre en compagnie de mon ami Ls-D. Je crois que je l'ai déjà dit, mais personne ne peut battre Ls-D pour les attentions du genre et tout simplement, la générosité sans borne. La pièce Equuis parle d'un psychiatre qui analyse un garçon obsédé par les chevaux. J'ai trouvé la pièce excellente, d'autant plus que j'étais à un mètre des comédiens.


C'était donc une journée fantastique!

Hymne national de psychoéducation

(sur la musique de l'hymne national soviétique)


Psychoéducation

Un jour nouveau se lève

Nous porterons secours aux classes opprimées

Nos méthodes sont uniques

Nos approches efficaces

Nos modèles nous permettent

Une technique parfaite


Refrain

Nous sommes les artisans des âmes

Nous sommes un rempart sûr pour elles

Dans la patrie de Gendreau nous serons

Toujours et à jamais

Indéfectiblement fidèle

Au modèle psychoéducatif


Malgré les obstacles

Nous demeurons en place

Pour informer, prévenir et traiter nos jeunes

Travaillant jours et nuits

Nous pratiquons dans l'ombre

Notre seule récompense

C'est leur réussite


Indépendants et altiers

Nous sommes délivrés

Des influences néfastes psychodynamiques

Nous croyons au progrès

Nous sommes scientifiques

Et notre profession

Inspire la Terre


Suite de Québec

Finalement, Sylvie-Anne m'accueille à l'université Laval, où je me rends via Allo-Stop. Finalement, c'est bien ce machin, j'étais avec un étudiant en médecine, un prof de math qui connaissait la psychoéducation parce qu'il a enseigné à des collègues et une fille qui ne m'a pas fait d'autres impressions que d'avoir un beau corps. Sylvie-Anne complète son examen de latin et nous nous retrouvons, après 15 ans d'absence (approximativement). Je dois admettre que l'idée de voir quelqu'un qu'on a jamais vraiment vu est plutôt surprenante, donc agréable. J'essaye donc de ne pas être trop flamboyant de ma personne, pour permettre au contact de s'initier.


Nous déambulons dans les rues de Sainte-Foy et, pour une fois dans ma vie, je m'arrête scrupuleusement aux feux de circulation. Je découvre une coquette maison nichée dans une rue ordinaire. De l'extérieur, la maison semble petite, à l'intérieur, elle semble beaucoup plus grande. Tout est d'une propreté incroyable, sauf la chambre de Sylvie-Anne, qui est le stéréotype de la chambre d'une grande lectrice. Nous faisons plus ample connaissance en allant chercher de quoi souper (je n'ai pas réussi à l'impressionner avec mon talent culinaire, je me suis royalement planté, mais c'était quand même bon), puis nous allons louer des films et acheter de l'alcool et nous buvons du maté en écoutant « Carnete de Viaje », le film du jeune Ché. Nous écoutons également Easy Riders et un reportage sur la biscuiterie Viau, en faisant des liens entre les Whippets et les films impliquant des motocyclettes. Ça rime!


Le lendemain, je l'amène manger à l'Astral, le restaurant tournant de Québec. Je suis heureux d'avoir mangé comme un roi et surtout, d'avoir fait manger de la viande à une végétarienne. Par respect pour mon amie, je m'abstiendrai de préciser le type de viande. Puis, nous avons déambulé dans la place Royale, avons visité un musée du centre d'exposition de ce quartier important, nous avons courus dans les rues étroites comme le « passage du chien » pour retourner à Sainte-Foy à pied. Le soir, d'autres péripéties nous attendaient : nous avons regardé le Canadien perdre en portant nos chandails des Nordiques, Jos Sidekick ne nous a pas aidé. Au programme ce soir : La gloire de mon père.


Dernière journée, excursion dans les coulisses des blocs de l'université Laval une dernière fois, question de voir une dernière fois un peu d'architecture fantastique et puis direction Ashton, pour une poutine avant mon départ. J'ai appris à connaître une personne agréable, attentionnée et affectueuse, qui, à mon contact, a peut-être appris à arrêter de s'excuser d'exister ainsi qu'à assimiler une bonne dose de sarcasme condensé. Je la remercie donc publiquement : merci Sylvie-Anne de m'avoir permis de me changer les idées.

vendredi 2 mai 2008

La fin de la session

Les dernières semaines se sont amusées à se dérouler à une vitesse vertigineuse. Je n'ai eu de temps que pour me préparer à manquer de temps, dans la folle farandole de la fin de ma session. Les examens finaux terminés, je n'avais d'autres ambitions que de faire savoir à tous mes amis qui devaient encore se présenter à l'école que j'avais terminé et que je me la coulais douce. Je pense qu'en arrivant à la maison, j'ai dû passer du temps à ne rien faire, une première depuis longtemps. Puis, j'ai entrepris d'inviter ma famille à venir célébrer ma fin de session dans un bon restaurant, question de me libérer l'esprit. J'ai cherché tant bien que mal à prendre un verre avec un ami, mais semble-t-il que le lundi ne soit pas le soir de prédilection qui répondait à mes critères : beau, bon, pas cher, pas compliqué et pas loin. Finalement, après être resté seul, j'ai entrepris, durant les deux jours qui ont suivi, de nettoyer ma chambre de fond en comble.


Ma chambre est le fidèle reflet de mon état d'esprit pendant la fin de la session : une bourrasque qui a déraciné chaque élément de l'endroit où il devrait se trouver. Pas moyen de me remettre les idées en place, tout comme les notes de cours, éparses, qui trainent dans tous les coins, jonchant le tapis, découvert à de rares endroits. Finalement, il était primordial de tout classer, de tout nettoyer et de vider la chambre pour mieux la remettre en place.


Après avoir réalisé tout ça, j'ai pris du bon temps, beaucoup de bon temps. On dit que peuple heureux n'a pas d'histoire... bien que j'adore les histoires, le lecteur friand que vous êtes n'aura malheureusement pas la chance d'apprendre de nouvelles croustillantes, je n'en ai pas à vous transmettre. Mentionnons simplement le plaisir renouvellé que j'ai eu à voir ce cher Carl ainsi que mes amis de mon programme, sans oublier ce cher camarade Tchekov au passage.


Il y a des moments dans la vie où j'ai l'impression qu'être dépendant affectif m'amènerait certainement à raconter des épisodes plus fournis, touffus, avec des conflits à la tonne, un excellent ragot entouré de potineux compulsifs qui théoriserait ma vie en s'en donnant à coeur joie. Point n'est besoin de nommer quiconque, les personnes ayant une vie émotive haute en couleur jonchent nos esprits et les réflexions tordues à leur sujet nous fournissent un prétexte amusant pour déverser notre fiel d'émotions refoulées par une trop grande catatonie par rapport à la société, responsable de tous nos maux (elle ne peut pas se défendre, elle est donc une cible parfaite).


Tout ça pour vous dire qu'après avoir fait le ménage ainsi que beaucoup de bicyclette, je me suis offert le luxe d'aller visiter la belle ville de Québec, avec mon amie Sylvie-Anne. La première chose qui me traverse l'esprit est la qualification des bars de Québec selon cette dernière : l'aspect boom-boom, l'aspect cool et branché et l'aspect frotte-frotte. La démarche scientifique commande la définition de ces variables subjectives :

Boom-boom: type de musique qui suscite l'exaspération de l'écouteur qui découvre avec stupeur une raison de plus de se séparer de l'humanité tant l'individu dernier souffre du manque de saveur auditive de la musique monotone et aseptisée.

Cool et branché : définis la faune locale d'un bar tendance, inspiré par les goûts du jour. C'est la mise à jour de l'expression : être dans le vent ou être dans le coup.

Frotte-frotte: aspect d'un endroit encourageant les contacts physiques interindividuels de nature à offenser la morale conservatrice. Les actes doivent être de nature sexuelle ou amener à des rapprochements de ce type.

(La suite la prochaine fois)