vendredi 27 novembre 2009

La coiffeuse irlandaise

Hier, je suis allé me faire couper les cheveux et la coiffeuse n’était pas particulièrement loquace : les bribes de conversation que nous avions en venaient toujours à s’estomper. Son accent trahissait que sa première langue n’était évidemment pas celle de Rabelais (Molière, ça fait tellement « déjà vu »), alors je lui ai posé une question directe : « es-tu anglophone? » et sa réponse fut « oui ». Elle m’a expliqué qu’elle aime bien la langue française, mais qu’elle est gênée de l’utiliser et de se fourvoyer dans ses mots. Elle me raconte qu’elle n’éprouve pas de difficultés avec ses proches, mais que les étrangers la rendent nerveuse. J’aime beaucoup ma langue et l’utiliser est un plaisir, mais dans le contexte, j’ai compris que ma conversation serait beaucoup plus agréable si je décidais de m’exprimer dans la langue de Wolfe, ce que nous fîmes.

À ce moment précis, cette jeune femme qui avait manifestement une anxiété de performance et qui faisait vérifier le moindre de mes cheveux par sa professeure s’est ouverte sur sa vie, sur son cours et mes sur son cœur. Étant, je crois, un intervenant dans l’âme, j’ai souligné quelques forces à travers les choses qu’elle me racontait. Une chose qui m’a paru intéressante, c’est qu’elle m’a dit être irlandaise et qu’elle aimerait visiter sa terre natale. Ayant un peu entendu parler de ce coin de pays, je lui demande si elle aimerait apprendre quelques mots de gaélique, mais elle me répond qu’elle ne savait pas qu’ils parlaient cette langue là-bas. Elle dit qu’elle ne connait pas ses origines et qu’elle souhaite les découvrir. D’une part, cette remarque m’a touché, mais ce qui m’a le plus fait chaud au cœur, c’est quand je l’ai entendu me dire qu’elle me ferait elle-même mes tours d’oreille sans demander à sa professeure, parce qu’elle se sentait assez à l’aise de les faire.

J’ai payé et je suis parti ayant en tête ses petites choses qu’elle m’a racontées. Au fil de mon passage, j’ai réalisé à quel point j’ai la chance de faire un beau métier. Lorsque je me permets d’utiliser mes habiletés à l’extérieur de mon contexte de travail, en étant agréable avec une personne, je trouve que c’est un petit plaisir que j’aime bien partager.

jeudi 19 novembre 2009

Festinons avec Françoise

(Chers lecteurs, j'abandonne l'idée de terminer mon texte sur les Bergeronnes, n'ayant pas l'idée pour rendre mon texte de clôture intéressant. Laissez-moi vous relater une expérience culinaire des plus intéressantes : le festin de Françoise.)


Ma chère amie Françoise aura eu l’occasion de fêter son 26e anniversaire. Depuis maintenant sept ans, nous nous échangeons un souper de fête à nos anniversaires respectifs. C’était donc à mon tour de l’accueillir et ce fut un plaisir que d’avoir l’occasion de célébrer de nouveau ensemble notre amour inconditionnel du plaisir de manger.

Nous avons eu l’occasion de partager un festin de six services. Mon esprit un peu impulsif à eu le dessus sur la planification serrée que j’avais prévu : j’ai concocté mon menu la journée même, avec l’aide de mon plus jeune frère, qui m’a conseillé quelques plats.

La mise en bouche était fort simple : rillettes de canard acheté avec une baguette de pain au levain, le tout avec un fromage quadruple crème et un autre mi-chèvre mi-vache. J’ai servi un champagne d’étudiant : il s’agit de jus de raisin de muscat coupé avec de l’eau minérale. Rien à cuisiner, mais c’est toujours très bon. Nous avons attaqué le deuxième plat en grande : couscous de chou-fleur dans sa mayonnaise au curry et ses crevettes au vinaigre balsamique. Mon frère et moi nous étant mal compris, j’ai fait un plat en trop que j’ai servi ici : effiloché de bœuf au parmesan sur un lit de salade du jardin. Rehaussé avec de la sauge et de la moutarde, le bœuf donnait une saveur agréable est un bouquet plus complexe en bouche.

Par la suite, comme j’avais dû raser un chou-fleur, j’ai servi un potage du même légume, en utilisant du bouillon de poulet que j’ai fait moi-même. Le tout parfumé par un peu de thym et de basilic, il manquait seulement à saler et à poivrer au goût pour profiter de la mixture. S’en suit un autre plat de pré-résistance : le tartare de saumon à l’avocat. Pour aider à amalgamer les saveurs, une petite mayonnaise nature ainsi que du gingembre et du jus de citron.

Le plat de résistance était une salade décomposée avec des crevettes tigrées géantes, des pétoncles ainsi que des rondelles d’oignons frites. Le tout a été agrémenté par un choix de trois mayonnaises : une au curry, une au safran et une autre au cumin. Je pense qu’à ce moment précis, nous avons pris une petite pause avant de servir le dessert, question de donner un moment de répit à nos estomacs fatigués par tant de travail.

Finalement, j’ai servi un dessert au verre : une pièce montée de raisins caramélisés au vinaigre de Xérès dans de la crème Chantilly maison saupoudrée de zeste d’orange, de chocolat noir et aromatisée avec un peu d’eau de fleur d’orangé. Nous avons mangé cela en compagnie d’une bouteille de vin Sauvignon Blanc de pourritures nobles. Le mélange n’était pas parfait, mais je pense que les convives ont tout de même apprécié.

Histoire de digérer tous ces plats, nous avons ultimement conclus le repas avec une liqueur maison aux abricots, que nous avons savouré bien lentement au fil de notre discussion aux milles relents.