Vacuité, vacuité, que de choses je vois en ton nom, comme si la vie n’était qu’une quête à travers l’inutile et le superflu. En quelque sorte, j’ai l’impression que le remords, c’est l’arrière-goût de notre consumérisme en tant que société. Tout est vain finalement, il n’y a rien qui perdure, qui donne une saveur durable (le mot est à la mode) à un plat fade, saupoudré d’émulsifiant au gré des vents et des fantaisies, néanmoins fade à la base.
Un des dilemmes actuels, c’est le côté amorphe et ancré d’une société supposément toujours en mouvement, une autre déception amère s’offre à nous lorsqu’on décide de mettre à jour notre quotidien : à travers un culte de la perfection qui ne fait que nous asseoir à côté de l’insatisfaction chronique, nous nous défigurons chaque jour. Pour nous consoler, quand nous sommes si seuls que même le temps ne veut plus de nous, nous appelons cela être libre.
Nous vivons sous un soleil luminescent, assez pour nous cuire une fois pour toutes. Nous sommes des êtres qui se complaisent dans l’ignorance : nous réchauffons l’extérieur pour être mieux à l’intérieur, isolé, pour geler en plein soleil, individualiste que nous sommes. C’est beau l’écologie : nous sommes fiers de nous préoccuper de notre environnement, c’est tellement à la mode d’acheter des sacs durables que nous n’utilisons pratiquement jamais, de scander des slogans qu’on ne comprend pas, de s’appeler une partie de la solution en mangeant du Kraft Dinner biologique…
Vive l’humanité, l’étendard de notre salut, devant les guerres fratricides et celles, plus proches de nous occidentaux, qui concernent les prix d’un liquide noir et visqueux qu’on s’arrache à prix d’or. Au diable la crise alimentaire, j’ai déjà envoyé mon chèque de deux dollars pour sauver un enfant en Birmanie quand je suis allé me chercher un nouveau rein importé d’Afrique à ma clinique privée. On s’en va tout droit vers l’autodestruction : la chose de bien c’est que peut-être qu’on finira par disparaitre. Entre temps, on pourra toujours s’envoyer des commentaires de nos visages candides dans nos profils Facebook ou écouter Sexe à New York, c’est tellement édifiant!
Sur ce, je pense que je vais retourner à mes affaires et quand l’idée folle me prendra de sourire, je ferai un rictus en coin, c’est plus artistique ainsi. À bien y penser, je pourrais peut-être exposer ce sourire dans une galerie d’art moderne…