mardi 22 septembre 2009

Mes vacances chez grand-mère prise 1

Mercredi matin, 6h10 : je pars alors que le soleil tarde à se lever pour faire la longue route qui sépare mon logement montréalais de la maison de ma grand-mère, chez qui je suis attendu. Environ 550 kilomètres me séparent de mon objectif : je roule tranquillement à bord de la voiture paternelle en buvant un café fumant. J’ai dans la glacière assez de nourriture pour nous nourrir pendant au moins 2 semaines sans nous rationner : fruits frais, légumes du jardin, fromages, steaks, saucisses d’autruche, viande de cheval, poulet, bœuf, porc, salade russe, soupe poulet et nouille maison, crevettes, pétoncles… non pas que ma grand-mère a un frigo dégarni, mais son petit-fils s’en va chez elle pour lui faire un marathon de cuisine.

La route est magnifique une fois qu’on passe Sainte-Anne-de-Beaupré : elle serpente les collines et nous plonge à travers une panoplie de paysages champêtres qui évoquent chez moi des souvenirs de vacances. St-Tite-Des-Caps est logé en haut de la Côte-de-Beaupré, là où la température descend subitement de 3 ou 4 degrés. Le paysage montagneux nous amènera ensuite à l’entrée de Charlevoix, à Baie St-Paul, une ville rustique au centre-ville fort agréable et où l’on trouve la fromagerie du Migneron, qui vaut à elle seule le passage

J’éprouve un peu de nostalgie quand je passe là-bas puisque, m’a-t-on appris, la maison de mes aïeux est située à proximité : il y a même un arbre là où jadis se trouvait la cuisine. Puis viendra La Malbaie. J’aime Charlevoix pour son refus de se plier au défaitisme de région : les produits du terroir y sont légions, ses habitants sont réputés accueillants et hormis le tronçon de la 138, personne ne s’y sent pressé par le temps. Étant un montréalais dans l’âme, j’y mangerai un sandwich en vitesse, question de terminer mon trajet le plus tôt possible. Une fois passé le pont, le trajet semble se raccourcir : reste encore le village de St-Fidèle, naguère une halte routière pour profiter du fromage en crotte qui était si bon, la fameuse « Côte de la mort », un tournant abrupt qui descendait rapidement et où plusieurs automobilistes avaient trépassé (aujourd’hui, la côte a été adoucie). Puis, on finit par arriver à Baie-Sainte-Catherine, où l’on prendra le traversier pour gagner la rive de Tadoussac. J’y suis le dernier véhicule à embarquer, au point où dès que j’éteins le moteur et que j’actionne le frein à main, les dents du quai d’embarquement se lèvent et les moteurs du bateau s’actionnent. Les courants nous sont favorables et nous gagnons Tadoussac en moins de deux.

À partir du moment où je débarque du bateau, l’air salin du rivage me gagne et c’est là le début des vacances. Si les côtes sont moins raides, le paysage vallonné, partagé entre collines verdoyantes et lacs miroitants d’infinies ondées de soleil, nous pousse à la détente. Le pied se veut moins pesant sur l’accélérateur, on savoure toutes les courbes de la route avant de bifurquer à gauche après le premier (sinon le seul) viaduc de la Côte-Nord.

Je plonge alors dans une route cahoteuse, vieillie par le temps, pour m’engager vers la droite, en face du cimetière où repose feu mon grand-père, pour aller rejoindre la résidence de ma grand-mère. En croisant une ferme d’une autre époque qui tombe en ruine, je me remémore les mots de mon grand-père qui me disait que même dans son jeune temps, la vieille maison qui pourrit au soleil était déjà vétuste.

J’irai trouver ma grand-mère à 12h47 bien précisément. Elle me demandera de l’embrasser bien fort, ce que je ferai avec empressement, attendu qu’elle évite d’ordinaire les contacts physiques. Rapidement, je prendrai mes bagages pour m’installer et je remarque l’air ahuri de ma grand-mère, qui as dû penser que je moi je pensais qu’elle manquait de nourriture. Je place minutieusement le contenu de la glacière en répartissant le tout entre panier à fruits, congélateur et frigo. Puis, à mon tour de manger un petit quelque chose, le temps de m’arrêter vraiment quelques minutes et de savourer une bonne soupe de grand-mère. J’avais la bougeotte et quelques minutes après, j’ai eu l’envie de m’étendre sur le sofa.

Je n’ai pas su tirer profit des enseignements de la simplicité volontaire, étant un peu pataphysicien sur les bords : je n’avais pas assez d’avoir déplacé mes vivres que j’étais empli d’une énergie nouvelle pour aller cueillir des bleuets, question de faire une tarte à ma grand-mère. J’ai donc sillonné la route jusqu’à la talle de mon enfance, équipé pour seul bagage d’une vieille casserole pour y déposer les fruits bleus. Croyez-le ou non, j’ai passé presque trois heures pour ramasser un fond qui a dû être comblé avec des fraises pour faire une tarte digne de ce nom. Le repas du soir était constitué d’une soupe poulet et nouilles maison, d’un steak sauce à la crème servie avec une petite salade ainsi que de ladite tarte. Inutile de dire qu’après avoir fait la vaisselle, je n’ai eu d’autre envie que de ramper à mon lit avec la ferme intention d’y dormir tout mon saoul.

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