vendredi 27 novembre 2009

La coiffeuse irlandaise

Hier, je suis allé me faire couper les cheveux et la coiffeuse n’était pas particulièrement loquace : les bribes de conversation que nous avions en venaient toujours à s’estomper. Son accent trahissait que sa première langue n’était évidemment pas celle de Rabelais (Molière, ça fait tellement « déjà vu »), alors je lui ai posé une question directe : « es-tu anglophone? » et sa réponse fut « oui ». Elle m’a expliqué qu’elle aime bien la langue française, mais qu’elle est gênée de l’utiliser et de se fourvoyer dans ses mots. Elle me raconte qu’elle n’éprouve pas de difficultés avec ses proches, mais que les étrangers la rendent nerveuse. J’aime beaucoup ma langue et l’utiliser est un plaisir, mais dans le contexte, j’ai compris que ma conversation serait beaucoup plus agréable si je décidais de m’exprimer dans la langue de Wolfe, ce que nous fîmes.

À ce moment précis, cette jeune femme qui avait manifestement une anxiété de performance et qui faisait vérifier le moindre de mes cheveux par sa professeure s’est ouverte sur sa vie, sur son cours et mes sur son cœur. Étant, je crois, un intervenant dans l’âme, j’ai souligné quelques forces à travers les choses qu’elle me racontait. Une chose qui m’a paru intéressante, c’est qu’elle m’a dit être irlandaise et qu’elle aimerait visiter sa terre natale. Ayant un peu entendu parler de ce coin de pays, je lui demande si elle aimerait apprendre quelques mots de gaélique, mais elle me répond qu’elle ne savait pas qu’ils parlaient cette langue là-bas. Elle dit qu’elle ne connait pas ses origines et qu’elle souhaite les découvrir. D’une part, cette remarque m’a touché, mais ce qui m’a le plus fait chaud au cœur, c’est quand je l’ai entendu me dire qu’elle me ferait elle-même mes tours d’oreille sans demander à sa professeure, parce qu’elle se sentait assez à l’aise de les faire.

J’ai payé et je suis parti ayant en tête ses petites choses qu’elle m’a racontées. Au fil de mon passage, j’ai réalisé à quel point j’ai la chance de faire un beau métier. Lorsque je me permets d’utiliser mes habiletés à l’extérieur de mon contexte de travail, en étant agréable avec une personne, je trouve que c’est un petit plaisir que j’aime bien partager.

1 commentaire:

Eclypx a dit...

Je viens de temps en temps faire des sauts de puces par ici, avec toujours beaucoup de plaisir et nostalgie. La simplicité et le bonheur de tes quelques mots me touche, car j'ai parfois du mal à "assumer" que mon travail, mes études influencent mes rencontres... Merci.