mardi 7 juin 2011

Au chalet de Patrice

Quand j’étais petit, mon oncle François m’amenait à la pêche à son chalet près de Forestville. Depuis, je n’ai pas eu l’occasion de retourner à la pêche. Au fond de moi, j’avais envie de revivre cette expérience qui me faisait sortir de la ville. Il y a longtemps que j’avais eu l’occasion de voyager en région, mais mon cousin Patrice m’en a fourni l’occasion durant la dernière fin de semaine. En effet, il m’a invité à me joindre à lui pour une fin de semaine de pêche à son chalet de St-Aimé-du-Lac-des-îles, dans le bout de Mont-Laurier.

Vendredi, après le travail, j’allais rejoindre mon cousin pour notre road-trip à son chalet. Stressé, fatigué, l’air bougon, j’avais vraiment besoin de changer d’air pour reprendre un peu de santé. Chemin faisant, Patrice me parle de désir de conduire de gros camions et je m’initie un peu au monde des transports. Soucieux d’arriver le plus vite possible, on mange dans la voiture. Je suis surpris de frapper du trafic à l’Annonciation, moi qui pensais que l’heure de pointe n’existait pas en dehors de la région métropolitaine. On circule lentement, mais en sortant du village, on reprend notre rythme de croisière. En arrivant à Mont-Laurier, nous faisons rapidement l’épicerie, j’achète un permis de pêche et Patrice s’assure d’avoir assez de gaz pour notre chaloupe. Il me semble que les kilomètres restants ont déroulé sous mes yeux à une vitesse folle.

Nous voilà enfin arrivé : vers 19h30, mon cousin m’introduit officiellement dans son petit coin de paradis : dans un vaste domaine boisé de 250 000 pieds carrés trône un chalet juché au bord du lac Menon. La vue est splendide et nous n’avons qu’une seule envie, c’est d’embarquer dans la chaloupe enfin de commencer la pêche. On a littéralement jeté nos sacs dans nos chambres (j’avais une belle chambre en bois, avec plancher en bois franc qui sentait le pin) et rapidement, nous avons placé la nourriture dans le réfrigérateur. J’ai l’impression qu’on s’est plus lancé dans le canot qu’autre chose : le temps de monter le moteur, d’aborder les cannes à pêche et bien sûr de s’apporter quelques bières et nous étions fin prêts. Malheureusement pour nous, les maringouins ont profité de l’absence de brise pour venir festoyer l’arrivée de deux citadins ayant malencontreusement oublié leur chasse-moustique au chalet. Bien que nous fussions aspergés de cette substance, il aurait peut-être fallu en mettre plus. En plus de nous faire dévorer par les moustiques, nos lignes ne semblaient pas vouloir accrocher autre chose que des algues au fond du lac. De retour au chalet, il était temps de souper pour de vrai.

Au alentour de 22h30, nous dégustions de succulents steaks qui avaient eu le malheur de se couvrir d’une généreuse couche de carbone avec d’excellentes papillotes de légumes, le tout avec une bruschettas faite avec de l’ail des bois. Nous avons digéré le tout devant un film, puis, épuisés, nous sommes allés nous coucher sans demander notre reste.

Le lendemain, nous nous sommes levés avec le chant du coq… bon d’accord, on est resté au lit jusqu’à midi. Un peu fâchés de ne pas nous être levés plus tôt, nous avons coupé l’herbe du domaine Charrette, car elle avait atteint une taille un peu trop respectable. Cette tâche ne s’est pas éternisée : ayant complimenté mon cousin en lui disant qu’il opérait quand il coupait le gazon, il m’a répondu qu’on ne l’appelait pas docteur pour rien.

De retour dans le canot, Patrice me montre qu’il opère également sur notre embarcation: le temps de le dire, il a pêché une perchaude, puis un doré. Gentilhomme dans l’âme, il me laisse les ramener à la surface en me tendant sa ligne. Pour ma part, je me contente de quelques touffes d’algues que j’imagine être de magnifiques dorés ou quelques ardentes perchaudes. Non loin du bateau, je vois quelques crapets-soleils à qui je tends une ligne alléchante. Malheureusement, ses deniers ne se pressent pas pour rencontrer mon hameçon et je les envoie paître, pour le plus grand plaisir de Patrice, qui rit de bon cœur. Il sort encore de l’eau une marigane noire, mais la rejette aussitôt : trop petite. On retourne sur la rive pour prendre un petit goûter, puis on retourne sur l’eau. Un autre doré se fait ferré par mon cousin, l’adroit pêcheur. Bon prince, il me laisse remonter le poisson qui livre une lutte ardente.

S’en suit une petite pause de pêche. Mon cousin me fait découvrir le pourtour du lac et il m’explique l’hydrographie de la région. Chemin faisant, il me montre des traces de chevreuils et d’orignal que j’aurais autrement confondues avec les traces de pattes de Sarcelle, le labrador de Patrice. J’entends parler de collets et de chasse et je me prends à rêver d’avoir l’occasion de tenir un fusil et de faire une première chasse.

La journée ne serait toutefois pas complète si on ne retournait pas au lac pour compléter la pêche. Or, mon adroite personne réussit à empêtrer ma ligne dans l’hélice du moteur (après avoir perdu une « jig » prise dans les roches au fond du lac) et mon cousin se met à l’œuvre pour tenter de me dépêtrer de cet incident. Un peu trop penché sur le problème, il lui prend « l’envie » de faire comme son chien Sarcelle et d’aller rejoindre les poissons pour nager en leur compagnie. Je regardais au loin quand j’ai entendu un plouf sonore et Patrice, ne perdant son sourire, qui regagnait le bateau, mettant fin à notre pêche, mais causant une anecdote dont parleront encore, je l’espère, mes petits-enfants.

Après s’être mouillé, il était temps de manger. Cette fois, la salade de légumes chauds était non seulement délectable, mais le porc tomate et basilic et les souvlakis étaient cuits à point. Encore une fois, on a terminé notre souper à l’heure des riches, pour clore notre soirée devant un superbe feu de camp, dévoré par les brulots.

L’ultime journée de notre excursion nous a fait nous lever beaucoup plus tôt et nous avons déjeuné en rois : vous allez me dire qu’il n’y a pas grand mérite à faire chauffer du bacon, des œufs, des rôties et des patates rissolés (maison quand même), mais c’est toujours bien bon ! Profitant de ce bel avant-midi, nous avons évidemment été pêchés : cette fois, Patrice a pris un beau brochet d’au moins 2 livres et de plus de 53 cm. Pour ma part, j’ai sorti de l’eau, en face du chalet de mon hôte, une minuscule perchaude, mais, je l’ai ferré, tiré et sorti de l’eau moi-même, tout seul, comme un grand !

Cette fois, trop heureux, fous de joie, nous sommes rentrés au bercail, ne pouvant plus contenir ma joie dans le bateau (que Sarcelle remplissait joyeusement d’eau en allant nager et en revenant à l’intérieur en nous éclaboussant). J’en ai profité pour prendre quelques photos, puis nous avons fait une dernière pêche, où Patrice a notamment sorti un autre beau brochet (rejeté à l’eau) ainsi qu’une perchaude qui avait précédemment toqué à ma ligne. Le temps d’apprêter les poissons en filet, nous avons mangé de succulents hamburgers gourmets, puis Patrice m’a montré la région et ses nombreux lacs et attraits. C’était déjà le temps de se préparer tranquillement à partir, le temps d’un dernier regard sur ce si beau lac, bière à la main, pour savourer la belle fin de semaine que nous venions d’avoir. Sur ce, je le remercie du grand cadeau qu’il m’a offert en me permettant de venir me détendre à son chalet.
Mon hôte, son chien et son domaine

Patrice après avoir piqué une plonge

Ma perchaude



Un vrai pêcheur

Un de nos nombreux festins

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