mercredi 18 juillet 2007

L’effet bœuf de l’effet de cerf

Bon, je ne bernerai personne, je veux bel et bien dire effet de serre, mais je trouvais que ça faisait plus original (je n’irai quand même pas jusqu’à dire orignal). Enfin, outre cette mise en contexte douteuse, je tiens à vous entretenir d’une triste constatation qui atteint la Côte-Nord toute entière : j’ai nommé l’érosion des berges.

Bon an, mal an, depuis les dernières années, les côtes riveraines perdent 78cm de terre. De Tadoussac à Blanc-Sablon, aucune berge n’y échappe, pas même les quelques arpents de terrain qui appartiennent à ma famille depuis déjà quatre générations. Depuis les sept dernières années, nous avons perdu plusieurs mètres de terrain qui ont formé un écart entre la grève et la partie surélevée où est situé notre terrain.

Cette année, j’ai également eu la surprise de voir le chemin ancestral menant au chalet grandement élargit pour permettre le transport de lourds camions qui alimentent une usine de copeaux de bois. En rajoutant à cela que le terrain sur lequel j’ai passé le plus clair de mon temps à l’exception de chez moi, j’étais passablement maussade de retourner à un endroit que je croyais immuable.

Hier soir, après avoir observé les étoiles (mon paternel et moi-même cherchions les galaxies de la petite ourse, du dragon, de céphée, etc.), je me prenais à rationaliser tout cela : les arbres meurent et doivent être enlevés pour ne pas tomber sur le chalet, l’économie de la Côte-Nord doit bien permettre de faire vivre les gens qui demeurent dans ces villages éloignés et l’érosion des berges, c’est bien dommage, mais il faudra plus que de la volonté pour l’arrêter. Au passage de quelques étoiles filantes, j’avais la tête ailleurs (ou est-ce le cœur sur le firmament) et si mon esprit d’enfant était offensé par l’outrage cuisant de la modification structurale du terrain, l’esprit rationnel calculait ce qui était le mieux pour le moment.

À mon réveil matinal (contrairement à mes habitudes), les rayons de soleil reflétant sur la mer (pour les gens d’ailleurs, on dit le fleuve, mais par ici, c’est la mer) qui dansaient joyeusement, les herbes qui prenaient au vent et les arbres qui secouaient joyeusement leurs feuilles m’ont fait comprendre que la magie qui a toujours habité ces lieux sacrés pour moi était toujours présente. Colette, bien qu’elle eue ajoutée du romantisme à la scène, n’aurait pas pu, dans ses lignes si riches, parlé avec autant d’éloquence que la nature elle-même.

Sur ces lignes pleines d’espoir, j’espère vous avoir transporté dans mon monde à moi, un coin de sérénité.

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