jeudi 14 juin 2007

Rappel du passé

Il n'est, dans l'existence, de plus douces joies que de rappeler à sa mémoire les trépidantes activités que l'on laisse derrière soi. Pour ma part, les premiers souvenirs de mon idylle intellectuelle m'amènent tout naturellement à la période charnière qu'est le passage au cégep, au temps doux où la philosophie jouait avec les vers de Ronsard, ou l'espagnol côtoyait l'esprit sain dans un corps sain et ou les amitiés de naguère se soudaient d'une quelconque circonstance. J'eus beau y vivre dans une solitude métaphysique que je venais de découvrir, y connaître quelques ennuis de cœur, cela n'arrache pas à ma mémoire la joie sans borne que j'éprouvai à me découvrir et à exploiter l'érection de mes connaissances.

C'était un temps où l'on dormait peu, où l'on agissait beaucoup et où on célébrait en toute occasion. On y raillait le futur, on se moquait du passé et on contemplait nos vies qui commençaient à prendre forme. C'est là d'ailleurs où j'ai le mieux répondu à l'invitation de Baudelaire à m'enivrer de toute chose et tout particulièrement d'alcool.

Mu d'abord et au-delà de toutes considérations par cet idéalisme propre à la juvénilité du temps, j'aspirais tout naturellement à rien de moins que de changer le monde. J'ai donc joint ma voix à la contestation émergente, comme tout le monde d'ailleurs, mais en prêtant l'épaule à la roue. Je criai et je trouvai écho dans la solidarité sociale. J'épousai des causes au nom de la nature, de l'environnement et de la conscience sociale. J'étais lié corps et âme à mon entreprise: monter un café étudiant contenant uniquement des produits biologiques, équitables et respectueux de l'environnement. J'ai enfanté de lui dans la douleur et dans la joie, puis j'ai dû me reposer du repos de celui qui n'écoutait plus son cœur battre.

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