mardi 5 avril 2011

Dans quel pays vivons-nous?

L’utilité de la séparation de l’église et de l’État

Je ne pensais pas qu’en 2011, la séparation de l’église et de l’État devait être un sujet d’actualité. Je viens de voir un reportage d’Enquête, ayant été présenté le 9 février dernier, qui concerne une certaine Faytene Kryskow (maintenant Gresseschi), leader évangélique ayant des accès privilégiés au Parlement. À voir comment cette dernière tente d’influencer les députés conservateurs, non seulement dans notre politique locale, mais également dans notre politique étrangère, je ne peux que me résigner à écrire ce texte, en espérant remplir mes obligations politiques de citoyen. Il m’est impossible de rester silencieux devant l’ampleur de cette catastrophe pour la démocratie.

D’abord, je tiens à préciser que la liberté de confession est un droit protégé par la Charte des droits et libertés du Canada. Par contre, l’exercice de sa foi ne devrait pas entraver les politiques gouvernementales, qui sont sensées être basées sur un argumentaire établi avec des faits véridiques et vérifiables. Si le gouvernement se doit de protéger le droit de culte, son obligation principale devrait être de garantir un État laïque. Cependant, il est problématique de constater que le préambule de la charte soutient que le Canada « est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit ». Cette définition gagnerait à être mise à jour pour retirer cette idée déiste, désuète et discréditant la suprématie des faits devant « l’Éternel ».

Le reportage nous informe qu’une vingtaine de personnes, des bénévoles, ont des accès privilégiés au Parlement. Est-il du devoir d’un bénévole d’influencer les députés pour qu’ils présentent des projets de loi? Notre politique extérieure devrait-elle être influencée par des groupes religieux ayant des intérêts contraires aux besoins, aux nécessités et aux aspirations du Canada? De quel droit le gouvernement invoque-t-il la primauté d’Israël, même si cela ne sert pas les intérêts du peuple? J’imagine que je ne suis pas la seule personne à ne pas trouver de réponses purement objectives et libres de conflits d’intérêts aux questions mentionnées ci-haut.

Atteintes à la démocratie

Outre la religion, la démocratie se base sur le pouvoir collectif d’un peuple souverain. Lorsque des manifestants, pacifiques, désirent exprimer leurs désaccords avec les décisions d’un gouvernement, la charte canadienne des droits et libertés garantit la liberté d’organisation de réunions pacifiques (article 2c). Dans le cas du sommet du G20, ayant eu lieu à l’été 2010 à Toronto, plusieurs arrestations et emprisonnements arbitraires ont entravé la vie de manifestants pacifiques, ce qui contrevient aux articles 9 et 11 de ladite charte. De plus, l’Habeas Corpus, la liberté de ne pas être emprisonnée sans jugement, a également été entravé (article 10). Des fouilles à nu ont été perpétrées contre des manifestants qui n’avaient pas d’actes répréhensibles à se reprocher, allant à l’encontre de l’article 8 de la charte. Comment peut-on approuver un tel geste de répression allant à l’encontre des libertés fondamentales qui sont garanties à chaque citoyen? La scène n’est pas sans rappeler la manifestation réprimée en Allemagne de l’Est, dans le film « Good Bye, Lenin! ».

Qu'en est-il du droit à l’accès à l’information, lorsque le gouvernement refuse de rendre public ou ne traite pas les demandes dans les délais impartis. Le droit d’être informé, par le truchement de la liberté de presse, est garanti dans la charte (article 2). Non satisfait de s’ingérer dans les affaires de la Presse, le gouvernement au pouvoir n’hésite pas à s’abstenir de répondre aux questions des journalistes. Il semblerait qu’au Canada, il est possible d’être juge et parti.

Atteinte à la dignité

À la lumière des faits évoqués précédemment, je considère ne pas vivre dans une démocratie en règle, mais dans un régime de pseudodémocratie où l’on ne garantit que le mépris le plus complet pour les citoyens divergents d’opinions avec le gouvernement. Je crois qu’il est donc essentiel de s’affranchir de ces exemples de despotisme, de nos conditions de citoyens serviles et de démettre de leurs fonctions les adversaires des principes de libertés d’expression et de droits fondamentaux.

J’exhorte mon lectorat à aller voter, tous et chacun, afin d’accomplir leur devoir de citoyen, c’est-à-dire de ne pas accepter l’état de fait comme quelque chose d’immuable, mais bien de garder la tête haute et de dire que s’en est assez, que nous n’acceptons plus d’être privé de notre dignité. J’aimerais rappeler à ceux qui voudraient s’abstenir de leur droit de vote que « qui ne dit mot consent ».

1 commentaire:

ピエルジュリアン a dit...

Tous les arguments ont pourtant été passés en revue et démolis lors de la loi française de 1905 sur de séparation des Églises et de l'État (article dans Wikipédia). On ne sera pas surpris que le Vatican ait alors rejeté une loi de compromis.