mercredi 16 novembre 2011

Maintenant que j’ai le temps

Je commence à peine à revenir sur terre de tout ce qui m’est arrivé cet été en Europe : par moment, j’en rêve encore la nuit et ce parfum d’aventure semble vouloir m’emmener avec lui capter les effluves d’une société différente. J’ai commencé par vivre beaucoup d’amertume au contact de ma société : je trouvais que les Québécois ne savaient pas conduire, qu’ils n’avaient aucune idée comment débattre, qu’ils manquaient éhontément de couilles et que tout le monde se conformait sans trop se poser de questions. Qui plus est, il ne faut jamais toucher ou parler de notre vache sacrée : le Statu quo. Les étudiants manifestent encore pour le gel des frais de scolarité : je comprends mal pourquoi ces personnes n’appuieraient pas un dégel proportionnel, un dégel avec augmentation des bourses (pour diminuer l’écart des classes moins bien nanties, selon des économistes, le gel favorise les classes moyennes et aisées) ou carrément l’option de Québec Solidaire, la gratuité. La logique la plus élémentaire est de voir que le gel contribue à la diminution des services offerts aux étudiants (à cause de l’inflation) et nuit par conséquent, à ces mêmes étudiants. Pourquoi s’obstiner à se battre pour avoir quelque chose qui ne fait pas ses preuves? Pourquoi avons-nous encore des commissions scolaires? Pourquoi Hydro fait-il des barrages alors que les gens n’en veulent pas, mais continuent à augmenter leur demande en énergie?

L’Europe (et la France surtout) n’est pas exempte de contradictions sociales épouvantables et bien pires que les nôtres, qui semblent bénignes quand on les compare. La dégradation du pouvoir d’achat, on la vit ici, mais ce n’est absolument rien à côté de ce qui se passe depuis l’arrivée de l’Euro en France. Nos dirigeants ne tiennent pas des propos racistes sans avoir des conséquences. En général, les personnes que l’on croise sur la rue sont aimables, pas trop stressées et elles nous aident quand une situation particulière nous arrive (par exemple, échapper ses documents ou simplement tomber de son vélo). Nous n’avons pas la crainte des noirs et des Magrébins comme l’ont les Français. Qui plus est, les immigrants que nous avons se sentent beaucoup plus Québécois (ou Canadiens) que les immigrants en France se sentent Français (c’est une insulte pour plusieurs d’entre eux). On est quand même capable de se trouver un travail au Québec, ce n’est pas si difficile que ça et généralement, il correspond à ce que nous attendons d’un travail. Nos patrons et nos dirigeants, nous les tutoyons souvent, ils nous parlent et ils mangent parfois à la même cafétéria que nous. Liberté, égalité, fraternité ? Je pense qu’on le vit plus en Nouvelle-France!

Cela dit, après un certain temps d’adaptation, il me semble me retrouver parmi mes semblables, avec leurs histoires, leurs aspirations, le tout sans chichis. Je finis par mieux comprendre ce peuple avec qui je me suis toujours défini par opposition. Heureux qui comme Ulysse, a fait un long voyage!

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