dimanche 14 octobre 2007

Le chandelier

Chers lecteurs, je vais vous faire une grande confession ce soir, je vais vous entrainer dans mon for intérieur, je vais vous parler en vrai du chandelier.


C'est un secret de ma personne, c'est une métaphore que je n'ai jamais vaincue, c'est l'apogée de ma honte, de mon ressentir. Cette métaphore vient de mes larmes, la dernière fois que j'ai eu le courage de pleurer à quelqu'un, à une fille, à une amie, à une soeur. J'ai juré que jamais plus on ne m'y prendrait, que jamais je ne perdrai la face, que plus jamais je ne montrerai mon âme déchue et délabrée à qui que ce soit et pour quelque raison. J'aurais préféré mourir et l'honneur fut sauf.


J'ai caché ma peine dans la métaphore du chandelier, où trois bougies ne brulent jamais. Ces bougies symbolisent l'unisson de mon âme: le coeur, le corps et l'esprit. Ensemble, elles me permettent d'exister, d'être moi-même à son plein potentiel. Le talon d'Achille de cette trinité, c'est le coeur, le premier à être parti, suivi du corps, qui a assumé le contre-coup et l'esprit, qui tressaillit toujours, mais qui s'est enlisé. La chandelle du coeur s'est brisée, c'était un accident, je l'ai accroché, et s'est défaite en deux morceaux.


Une fois cependant, j'ai fait étinceler les trois bougies, parce que j'avais trouvé de nouveau ma trinité... la base de la chandelle du corps s'est brisée. Ça n'a pas duré très longtemps, à peine quelques minutes où je me suis senti renaitre. Avec deux chandelles estropiées et une qui prend de l'âge, que restait-il?


Au fond, j'étais mort depuis bien longtemps, enlisé sous des tonnes d'amertume, incapable de parler de la moindre à quiconque, n'aurait-ce été à mon humble moi-même. Sporadiquement, je devais contenir ce torrent dans des crevasses sans fins, déchirants tout ce qui aurait pu m'être utile. Un poème amérindien éclaire cette dernière affirmation: L'homme boit l'eau qui coure, pas l'eau qui dort.


Six ans, six ans à m'endormir chaque soir avec la conviction de faire quelque chose pour mon propre bien, quelque chose qui finirait par me détruire à petit feu, me rongeant pernicieusement comme une gangrène invisible. Six ans à être tourmenté tout le temps, à ne pas voir ce qui cloche, à perdre pied à la moindre occasion. Six ans finalement à être seul avec moi-même, incapable de regarder en face ma nature humaine, mon humilité tenaillé, mon âme sanguinolente.


Il faut être bien naïf pour croire que j'ai osé m'avouer à moi que je devrais songer en entreprendre des démarches pour obtenir de l'aide. Un concours de circonstance à fait en sorte que je l'ai obtenu et que maintenant, je suis prêt à étendre mes ailes et à déployer mon plumage jaspé. J'ai allumé ces damnés chandelles et elles ont brûlées... et ont solidifié leurs assises, faisant disparaître ce qui autrefois était des blessures.


Je me sens renaitre et tout autour n'est que monde à découvrir. Passif, je sors de mon étau serti et de mon baume de tous les jours: j'irai cueillir les fruits de ma vie.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

6 ans à te construire, peut être tout simplement :-), à solidifier toutes ces petites failles et à en faire des forces…
3 ans pour moi à te voir sourire, me faire rire, t'engager, me faire rêver… pas si mal pour un "mort" ;-)
J'ai hâte de voir la suite, bonne route…:-)

Carl inc. a dit...

J'ai toujours cru qu'on est toujours en transformation, en mutation et c'est quand on arrête de se transformer qu'on meurt. Alors vis...

Merci pour cette tranche de vie honnête, ça a vraiment fait ma journée de savoir que ça allait mieux pour toi!