mercredi 24 octobre 2007

La brosse avec Oli

Ceux qui sont des lecteurs fidèles et qui ont suivi mes périples dans leur version virtuelle se souviennent peut-être d'Oli, phénomène en soi, vieux collègue du cégep, procrastinateur hors-pair et maître-buveur. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la définition de marginal lui colle bien. Oli fut le révolutionnaire à la Ché Guevera, mon seul acolyte lors de nos luttes épiques contre les appâts du capitalisme sauvage. C'était également la personne qui commençait un travail une demie-heure avant l'heure de la remise, après une partie de GTA. C'était quasiment le stéréotype de l'étudiant-révolutionnaire.


Aujourd'hui, force est d'avouer que les choses ont un peu changées: nous sommes contre la grève étudiante, contre les actions des syndicats publics, nous avons travaillés tout deux à notre compte et finalement, nous aimons aussi, dans une certaine mesure, certaines choses matérielles. Oli a de son côté un téléphone cellulaire et un bureau pour le travail. Reste de cette époque la musique, l'informatique et un côté revendicateur... mais il existe une chose qui ne s'est jamais bien modifiée à travers le temps: prendre un bon coup.


Assis derrière nos pintes de bière, on se jasait de ce qui se passait dans nos vies en égrainant un chapelais de souvenirs diffus d'une époque qui me semble déjà bien éloignée. Puis nous avons parlé chacun de notre enfance, bien différente, quelque peu complémentaire. Les verres et shooters vides jouxtaient un bol de natchos tout aussi dégarni, la soirée allait bon train. À la quatrième pinte, nos esprits commençaient à s'embrouiller, tout comme avant, durant le délire révolutionnaire.


Nous n'avons pas refait le monde hier soir. Je lançais même à la blague qu'ayant été d'extrême-gauche, nous finirions sûrement par acheter des actions des magnats du pétrole sur le marcher boursier avec nos cellulaires, à côté de nos gros inutilitaires sports en marche. Sommes-nous maintenant assimilés et conformistes? Avons-nous encore le goût de remettre le monde en question? Deviendrons-nous des loques humaines qui se morfondrons dans la masse dans la recherche du capital que nous combattions autrefois? Je ne crois pas que ce soit le cas, je pense que nous acceptons simplement d'être un peu moins utopistes et que nous considérons changer le monde dans des proportions plus humaines.


Pour ma part, je continue à m'impliquer dans le mouvement étudiant, défendant les droits des étudiants, acceptant de remettre en question plusieurs aspects de la société en donnant des moyens tangibles pour faciliter les transitions. Je ne suis plus impliqué dans plusieurs comités comme avant et je ne passerai plus des nuits blanches à compiler des données pour manipuler un conseil exécutif. Dans ma nouvelle perspective, l'important est de rapporter aux étudiants des informations et non des pamphlets ne tenant aucunement compte de l'objectivité.


Tout ça pour dire que finalement, hier, on a suivi le plan d'Oli:

O - Bon, c'est quoi le plan? On se saoule pis après on regrette?

LV - Ça m'a l'air gagnant!


Bon, on a pas vraiment regretté, mais je peux dire que pour ma part, j'ai eu un méchant mal de bloc en me levant ce matin. Décidément, il faut remettre ça plus souvent!

1 commentaire:

Oscar Chica a dit...

Nous passons tous par là. Je veux dire : par le reniement de notre idéalisme de jeunesse. Ça s'appelle devenir adulte. L'utopisme de début de vingtaine n'est que l'ultime retranchement de la pensée magique propre à l'enfance, l'expression dernière d'une vision du monde infantile selon laquelle le monde DOIT s'adapter à nos désirs. On devient adulte quand on abandonne le désir narcissique de changer le monde et quand on accepte de s'adapter au monde pour y trouver notre place.